Intervenants et résumés

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Przybilska
Reza
Shabkhez & Nazeer
Tlili

 

 

 

ARRIVÉ Michel
Valeur et transmission dans la réflexion sémiolinguistique de Saussure.

 

Les notions de valeur et de transmission, manifestées par ces termes mêmes, sont au cœur de la réflexion sémiologique et linguistique de Saussure. Y a-t-il un sens, à propos de Saussure, à distinguer ces deux domaines ? Saussure tient fréquemment  qu’ils sont indissolublement liés : les  « deux domaines sont  non séparables » (Science du langage, 181).

On posera la question des relations qui s’instituent entre les deux notions

Il semble cependant que les deux notions ne soient pas également représentées dans la corpus saussurien. La notion de valeur est omniprésente. Elle est l’une des pièces fondamentales de la réflexion de Saussure. Elle prend la forme, constamment revendiquée, de « valeur négative » et constitue le régime de toute sémiologie.

Celle de transmission est, dans ses manifestations explicites, plus discrète. Son intervention est cependant déterminante, précisément dans la mesure indiquée par le texte suivant :

 «En réalité, tout ce qui est dans la langue vient souvent des accidents de sa TRANSMISSION, mais cela ne signifie pas qu’on puisse substituer l’étude de cette transmission à l’étude de la langue ; ni surtout qu’il n’y ait pas à chaque moment, comme nous l’affirmons, deux choses d’ordre entièrement distinct, dans cette langue d’une part, et dans cette transmission de l’autre. » (Science du langage : 78)

Les objets visés par cette réflexion sont alternativement les deux « sémiologies » – Saussure utilise parfois ce terme pour les langages-objets – que sont la langue (c’est le cas dans le texte cité) et les textes mythiques et légendaires, notamment celui de la légende germaniques. Objets au plus haut point culturels. C’est à propos de ces textes que se précise la réflexion de Saussure sur la transmission : c’est le passage par l’épreuve, nécessairement temporelle, de la transmission qui constitue la légende en objet sémiologique.

La communication cherchera à décrire les différents trajets de la réflexion de Saussure sur les relations entre les trois notions de culture, de valeur et de transmission. Trajets d’autant plus éclairants qu’ils donnent parfois l’impression de donner lieu à des allers et Retours. C’est dans les interstices de la contradiction ou de ses apparences que finit par filtrer la lumière..

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AZZAZ Fethi

Le discours littéraire, un espace de dialogue interculturel.

 

Les pratiques langagières sont une matière à travers laquelle l’identité (individuelle, sociétale, culturelle, religieuse ou autre) se fait chair. Une idée, imaginaire collectif. Un discours, vision du monde. Nos pratiques en constituent une modalité singulière et acculturée par des transmissions et des contacts de tous ordres.

Pour étudier ce phénomène en tant que tel, nous proposons de nous pencher sur les paramètres symptomatiques qui, ancrés dans le discours, se révèlent en situation de contact(s) culturel(s). Ainsi pourrait s’éclairer la question cruciale et toujours vaste de la valeur symbolique : "pouvoir des mots" ; "image socioculturelle" ; etc. en réconciliant la culture avec l’une de ses matérialités, les pratiques langagières.

Il en résulte une autre façon d’aborder les codes en contact dans leurs rapports à la société et à la culture dont ils sont l’expression. C’est cette méthode qu’on a voulu tester sur l’œuvre de Mohammed DIB. Ce dernier réussit à traduire en peu de mots, et avec un mode discursif qui lui est propre, une image socioculturelle qui témoigne d’une réalité plurielle. Son œuvre se substitue, dès lors, en un espace de dialogue interculturel.

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B

BELOZEROVA Natalia

Les correspondances transculturelles, écolinguistiques et sémiotiques du monde réel et informatique

 

La corrélation entre la sémiotique, l’écolinguistique et l'écologie de la langue est évidente. Si l'objectif principal de la sémiotique est d’étudier la façon de l’engeance des significations sous l'action des différents systèmes sémiotiques auxquelles les langues naturelles appartiennent, l’objectif principal de l’écolinguistique est l’environnement où les langues naturelles fonctionnent, c’est-à-dire la société et le milieu naturel (biocénose).À son tour, l'objectif principal de l’écologie de la langue est la fonction protectrice, c’est-à-dire la recherche des moyens de conserver des langues, des pratiques discursives traditionnelles et des significations originales produites par les systèmes sémiotiques>. Cette corrélation est évidente dans tous les milieux de communication, indépendamment du lieu où la communication est effectuée: dans le monde réel ou dans le monde informatique. Pour montrer cette corrélation, nous choisissons le discours dans le milieu informatique, ou la communication médiatisée par ordinateur (CMO). Dans le même temps, nous sommes conscients qu'en raison de l'aberration de la proximité temporelle, mais aussi en raison de l'aberration de «l'inclusion» le degré une peu élevé de la subjectivité peut être présent.

Si on considère le CMO comme un milieu d'information et de communication, une culture particulière créée par l’homme à la fin du XXe siècle, le monde informatique dont la fragilité est conditionnée par des facteurs énergétiques (les piles, la disponibilité de l'électricité), malgré la rapidité du développement, ses paramètres peuvent être comparés avec les paramètres des milieux de communication du Moyen Age ou de la protorenaissance. Les paramètres essentiels sémiotiques et écolinguistiques de ce milieu ont été définis dans notre livre "Le monde réel et le monde informatique: deux systèmes écologiques ?" (2010). Depuis la date de la publication de ce livre, plusieurs années se sont écoulées, et de nombreux paramètres ont changé leur contenu en raison de l'évolution rapide des pratiques discursives et des pratiques de communication dans le milieu virtuel, en particulier dans la blogosphère. Nous essayerons de montrer que ces paramètres ont changé radicalement.

Tout d'abord, il convient de noter le syncrétisme presque indivisible de tous les signes paramétriques exprimés dans les représentations des catégories, en commençant par la catégorie de «media» (les hautes technologies + l’information, c’est-à-dire le matériel + le logiciel + le facteur humain (des programmeurs, un fournisseur de services, etc.), la catégorie de l’auteur, la catégorie de la «mythogénéité», les catégories de la métaphoricité, de l'intertextualité, de l'espace, etc.

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BELTAÏEF Lilia

Le sabir chez Kaddour Ben Nitram, ou le transfert linguistique des cultures

 

Depuis l’antiquité, le bassin méditerranéen a toujours été un lieu de rencontre et d’échange entre des peuples de cultures différentes, parlant des langues différentes, les unes indo-européennes, les autres sémitiques. Cet échange n’aurait pas duré longtemps, si on n’avait pas créé une langue qui est passée au-delà des frontières et qui a réussi à transférer les univers les uns dans les autres, avec leurs cultures, leurs histoires et leurs vécus. Une langue de relation qui a défié les langues autochtones et les frontières sociales, culturelles, historiques et idéologiques.

Je parle du sabir, une langue qui s’est forgée à partir des langues qui l’ont entourée. En effet, ce langage du passé est un mélange de langues de la méditerranée qui était parlé surtout dans les ports et sur les bateaux, par des commerçants, des pirates, des marins, arabes, italiens, espagnols, français et portugais. Un canal qui a favorisé le transfert de différentes cultures et civilisations. Une langue dont a usé Molière, dans Le Bourgeois Gentilhomme (Mi star mufti / Ti qui star ti ? / Non interdir, / Tazir, Tazir, scène V, acte IV)

Pour rendre compte de cette richesse linguistique et culturelle du sabir, nous avons choisi des textes de Kaddour Ben Nitram, de son vrai nom Edmond Martin. Chansonnier et humoriste tunisien, il est l’auteur de plusieurs sketchs, poèmes et contes écrits dans cette langue qu’un grand nombre de personnes ignorent et qui, au-delà de son caractère drôle et amusant, est un phénomène linguistique pertinent et particulier.

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BENAZZOUZ Halima

Chapitre 1 L’analyse lexicale automatique des textes linguistiques

 

Aujourd’hui, la quasi-totalité des textes crées(saisies, édition, mise en page, vérification, correction ou impression) étant à présent disponibles sur support magnétique, leur traitement et leur archivage appellent de nouvelles méthodes informatiques, plus performantes. L’analyse automatique de textes en langue naturelle présente certaines analogies avec de nombreux traitements informatiques :compression ou cryptage de textes, traitements statistiques, compilateurs…la première étape des traitements consiste toujours à découper le fichier de données(texte)afin d’identifier les unités minimales de traitement(mots).Cette étape préliminaire s’appelle l’analyse lexicale.

L’analyse lexicale peut être vue comme une projection de deux systèmes de données :d’un coté, le texte « brut »est une séquence linéaire non structurée de caractères typographiques ;de l’autre, le système de dictionnaires est un ensemble structuré de données linguistiques .L’analyse lexicale consiste à confronter les deux représentations afin d’en créer une troisième :une conséquence de mots associés à leurs propriétés linguistiques(décrire dans le système de dictionnaires).Le problème de l’analyse lexicale automatique est donc double :Il faut d’un coté disposer de dictionnaires utilisables par ordinateur ;d’un autre coté, construire de programmes d’analyse de textes .

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BENFARES Mostafa 

Québec, héritages culturels, valeurs fondamentales, interculturel, cohabitation, inclusion / exclusion, démocratisation

 

Six ans se sont écoulés déjà sur la controverse des accommodements raisonnables au Québec. Dernièrement, et avec la nouvelle charte des valeurs québécoises présentée par le gouvernement péquiste, et dont l’intentionnalité est d’encadrer le port des signes religieux ostentatoires dans la fonction publique en vue d’assurer une certaine neutralité des services, les questions de la culture et des valeurs fondamentales affleurent à nouveau à la surface et d’une manière pressante. Nouvelle problématique. Grande inquiétude.

Dès lors, et en attendant le résultat des consultations publiques et les recommandations de la commission chargée de ce projet, une série d’interrogations reste posée et jamais résolue :

● Qu’en est-il alors de ce nouveau virage qui tend à faire ménage avec les cultures et les valeurs au Québec ?

●Quels sont les impacts décisifs, réels et potentiels, d’un tel ménage sur la dynamique de la société québécoise, sur le destin de l’interculturel et sur les modes de transmission de l’héritage culturel entre générations dans le futur ?

Cette communication, alimentée par des recherches récentes et pertinentes dans le domaine, s’appuie sur des faits et des débats  qui se sont produits au Québec.

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BENKAZDALI Khadidja

Analyse du discours culturel dans Les Échelles du Levant d’Amin Maalouf

  

Dans Les Échelles du Levant, MAALOUF s’interroge sur la construction de l’identité, terme intimement lié au concept « d’appartenance ». Ainsi, l’élément identitaire transparaît à travers l’énonciation émanant de la bouche de ses personnages.

   Ossyane, le personnage principal de ce roman cherche à s’échapper de son milieu et de l’autorité paternelle, notamment en faisant de brillantes études de médecine à Montpellier. Il a découvert d’autres contrées, d’autres peuples avec des cultures, coutumes et des mœurs différentes. Mais, la seconde guerre mondiale fait son apparition et finira par détruire ses projets d’avenir. Il va devenir ce dont son père a toujours rêvé pour lui, un « révolutionnaire ». Ainsi, il va mettre en œuvre son courage et sa culture pour affronter les dangers de la guerre.

   Tout comme Maalouf, Ossyane se trouve à la lisière de plusieurs traditions culturelles, et il revendique toutes ses appartenances, notamment linguistiques. Comme beaucoup de Libanais, il est polyglotte et parle aisément l’Arabe, le Français et l’Anglais. Pour lui chaque langue ason importance. Ces facteurs l’aident à mener à bien son parcours de révolutionnaire. Le texte de Maalouf se dévide tel un parcours initiatique entre plusieurs langues et plusieurs cultures. Le brassage des cultures est un mode de vie.  L’Orient est présent par ses valeurs et  sa culture. Ce sont d’abord les ancêtres d’Ossyane qui provenaient de la grande aristocratie orientale et qui vivaient suivant les traditions locales. Malgré cela, ils s’avéraient avides de nouveauté venant de l’Occident. Le cosmopolitisme était la marque de cette famille où le français et l’allemand se parlaient simultanément avec le même respect pour les deux cultures. La langue est une appartenance identitaire essentielle  illustrée pleinement par les personnages du roman. Notre recherche tourne ainsi autour du rôle, des fonctions du discours culturel, voire des enjeux de la dimension linguistique  dans l’interprétation des éléments identitaires émanant des différentes instances narratrices. La connaissance de l’espace de la culture  et de la civilisation dans l’œuvre d’Amine MAALOUF nous apparaît comme l’élément indispensable pour découvrir et décoder les conséquences des rencontres qui engendrent la connaissance de soi et la connaissance de l’autre,  de découvrir et décoder les conséquences des rencontres à travers le voyage entrepris par le héros du roman.

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BOGNI Téguia

Proposition de claviers téléphoniques pour l’entrée de données dans les langues camerounaises

 

Les langues camerounaises font figure de parents pauvres dans les TIC. Cette situation n’est pas sans conséquence : le Cameroun est à la traîne dans l’apprentissage de ses langues nationales. En effet, les langues, à travers leur écriture, sont des vecteurs d’identités culturels du moment qu’elles sont une courroie de transmission et d’affirmation de soi. De nos jours la langue écrite, le culturel et les technologies sont plus que jamais liés. C’est chose visible dans bien de pays émergents. L’exemple de l’Inde est assez révélateur : la localisation (adaptation de produits et services à un marché culturel et linguistique différent) des téléphones, de programmes informatiques et divers appareils électroniques, etc. est effective dans précisément 10 langues. Du coup et progressivement l’apprentissage de ces langues s’est vu revigorer. Aussi comprend-on qu’il est difficile d’imaginer une rÉvolution culturelle sans une rÉvolution linguistique.

Les dernières statistiques des trois opérateurs de téléphonie mobile au Cameroun (MTN, Orange, Camtel) font état d’environ 13 millions d’abonnés sur les 22 millions d’habitants que compte le pays. Vu ces chiffres, l’apprentissage des langues nationales par téléphone mobile (M-Learning) est à envisager. Ce n’est cependant pas possible : les claviers ne sont pas adaptés. Les lettres : ɑ, ɓ, ɗ, ɛ, ǝ, ɨ, ŋ, ᴐ, ᵾ, ẅ, ƴ ne figurent pas dans les téléphones en usage au Cameroun. En outre, il est constaté une  absence de diacritiques pour modifier ou nuancer la prononciation d’une lettre. Or ces lettres et diacritiques sont incontournables dans l’écriture correcte des langues au cœur de notre problématique. Ces manques apparaissent dès lors comme un sérieux handicap. C’est fort de ces constats que nous nous demandons : Comment modéliser des claviers téléphoniques pour la saisie de données dans toutes les langues camerounaises ? Il sera donc question pour nous de proposer trois claviers de téléphones camerounais : deux claviers à douze touches et un clavier Smartphone.

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Tableau : Proposition de disposition du clavier externe Smartphone mini-Qwerty camerounais

Pour mener à bien notre recherche, nous nous servirons de l’alphabet général des langues camerounaises et des données de précis d’orthographe d’une trentaine de langues. Notre compétence personnelle  dans la maîtrise et l’utilisation constante des téléphones sera également d’un grand apport.

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BOBINSKA Anna
L’interjection : un produit culturel codifié ?


Malgré la fréquence de son apparition dans l’expression naturelle (aussi bien parlé qu’écrite), l’interjection reste, paradoxalement, un phénomène marginalisé. La complexité de sa nature aussi bien que son statut dans le système linguistique ambigu, conduisent au flou terminologique ne permettant pas d’aboutir, à ce stade de recherche, à un modèle définitoire qui pourrait être satisfaisant pour tous les éléments de cette classe grammaticale. Néanmoins, partant de l’hypothèse selon laquelle les interjections constituent l’une des caractéristiques les plus spécifiques d’une communauté linguistique (Marcela Swiatkowska, Entre dire et faire : de l'interjection, 2000 ; Anna Wierzbicka, Cross-Cultural Pragmatics. The Semantics of Human Interaction, 1991) ainsi que faisant appel à quelques concepts universels, innés ou acquis, propres aux pratiques et expériences que les êtres humains peuvent partager (dont notamment l’expression des émotions), il semble possible de décrire le contenu sémantique des interjections à travers des cultures et des langues différentes. Des questions s’imposent : est-ce que les mêmes formes de l’interjection fonctionnent analogiquement dans les communautés différentes ? Est-ce qu’elles traduisent les mêmes émotions ? Est-ce qu’on peut transposer les interjections dérivées littéralement d’une langue vers une autre ? Quels sont les facteurs qui le déterminent ?
Notre communication se propose essentiellement d’explorer la catégorie de l’interjection en français, espagnol et anglais, en s’appuyant sur les critères morphologiques, syntaxiques et sémantiques. L’objectif de notre travail sera d’envisager les formes de l’interjection nouvelles, fortement liées au fonctionnement des cultures électroniques, et dès lors, de mettre en évidence la dynamique de développement de cette partie du discours au seuil du siècle nouveau. Cette démarche nous permettra également d’analyser le potentiel expressif et interprétable de la classe grammaticale en question, ainsi que sa portée communicative.
Notre étude sera fondée sur un corpus de la langue écrite, établi sur la base des blogs BD, webcomics et blogs graphiques contemporains. Les commentaires des internautes concernant ce médium seront également pris en compte.

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BONDARENCO Anna.

L’intercuturel et l’identité nationale dans le contexte de la mondialisation

 

L’interculturel c’est le problème des contacts, de la cohabitation des cultures, de l’interaction de l’identité et de la diversité nationale, de l’interpénétration des cultures dans des espaces sociaux, de la construction d’une Alter identité pour une insertion sociale, de l’altération, voire de l’effacement, de la disparition des cultures et de l’installation de certains constituants de la culture du plus fort. C’est un problème social, politique, psychologique, problème pluridisciplinaire, ayant ses effets sur l’économie des pays, il reste à la source des tensions, des contradictions, des conflits et des guerres.

 Le questionnement portera sur les problèmes suivants :

- Que se passe-il, en effet, avec deux ou plusieurs cultures qui se rencontrent, avec celle du contexte social dans lequel devrait s’intégrer un émigré et avec la culture d’origine de ce dernier?

- L’émigré vit, s’alimente des deux cultures ou il commence à pratiquer la culture de la terre d’accueil en perdant petit à petit la sienne?

- Quel est critère déterminant l’acquisition des nouvelles pratiques culturelles ou la préservation de son identité nationale, celui déduit par la raison ou celui d’ordre  psychologique ?   

- Comment s’accordent la dimention rationnelle et la dimension psychologique dans l’acceptation ou le rejet de la culture de l’Autre?

- Quels sont les effets perlocutoires des nouvelles pratiques sociales, culturelles acquises par un individu?

 - Quel est le contenu de la compétence plurilingue et pluricuturelle qu’on  devrait construire chez le public migrant? 

- Comment organiser le processus de l’enseignement-apprentissage pour former chez l’apprenant une compétence interculturelle ? De quels outils méthodologiques devrait être muni l’enseignant pour former chez l’apprenant cette compétence, quels seraient les dispositifs de son  évaluation? 

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BONÉVA Ralitza

Pour une « culture de soi » dans la rencontre avec l'Autre

 

Notre proposition voudrait verser dans l'hypothèse d'une « culture de soi » (Foucault, 1984), indispensable pour pouvoir accepter l'altérité de l'Autre (Jullien, 2010). En particulier, nous examinons la démarche de Robert Bresson, consistant en la réalisation du film Une femme douce d'après la nouvelle de F.M. Dostoïevski, La Douce. Le film se présente comme une interprétation de la nouvelle, dont il reprend la fabula et la problématique pour les transporter des années 1876 dans les années 1969. Des changements sociaux et culturels se sont produits au cours de ces 100 ans et on pourrait relever, en comparant les deux textes, combien la société et les rapports entre une femme et un homme ont évolués. Le drame est similaire et déjà différent. Si la nouvelle traite l'impossible rapprochement d'un homme à sa femme, l'accent dans le film est mis sur l'impossible recommencement. Dans le film, la femme est dite « douce », dans une société de libertés en expansion où l’on réclame une égalité sur tous les plans. Le personnage de la nouvelle est considéré « humble », dans une époque où l’on rompt avec le féodalisme à la russe pour atteindre la modernité. Certes, le personnage n'est ni « une femme douce » ni « humble » ; dans les deux cas, le mari a tort et sur son erreur se fonde le drame. Le film reprend de la nouvelle la forme du récit qui conditionne la double énonciation et la rend encore plus perceptible, l'écart entre le personnage énonçant et une instance énonciative globale se creusant davantage. Cantonnée dans le monologue, l'énonciation ouvre des brèches vers d'autres possibles qui s'ajoutent au discours pour constituer une forme dialogique atypique. Une femme se suicide, et son cadavre, proche et si distant, calme et affolant, interpelle, par sa présence, le mari à revenir sans cesse vers le pourquoi indéchiffrable de leur union anéantie. Le tragique profond de cet homme, par ailleurs médiocre et lâche, remonte de ce nouveau rôle, lui assigné en tant que sort : consentir à son état de spectateur, sans pouvoir comprendre. Énonciataire d'un message qui le dépasse, il se transforme en sujet énonçant sans relâche. L'incompréhension fait sens ici. Le drame est autant celui d'une distance infranchissable, d'une union refusée, que celui d'un savoir d'emblée impossible, d'un vouloir comprendre sans pouvoir y arriver. L'être souffrant du mari est comme englouti par l'Autre, absorbé dans sa présence, rendue si palpitante, envahissante, par le néant. Ainsi, le film reprend et relance un discours dont le sort est à ne jamais trouver d'aboutissement : ces « questions maudites » circonscrivent la condition de l'homme. Les reprises et les reformulations à travers les époques différentes constituent et consolident une « culture de soi » à défaut de laquelle toute transmission serait chancelante, le dialogue avec d'autres cultures défaillant (Lotman, 1998).dans une époque où on rompt avec le féodalisme à la russe pour atteindre la modernité. Certes, le personnage n'est ni « une femme douce » ni « humble » ; dans les deux cas, le mari a tort et sur son erreur se fonde le drame. Le film reprend de la nouvelle la forme du récit qui conditionne la double énonciation et la rend encore plus perceptible, l'écart entre le personnage énonçant et une instance énonciative globale se creusant davantage. Cantonnée dans le monologue, l'énonciation ouvre des brèches vers d'autres possibles qui s'ajoutent au discours pour constituer une forme dialogique atypique. Une femme se suicide, et son cadavre, proche et si distant, calme et affolant, interpelle, par sa présence, le mari à revenir sans cesse vers le pourquoi indéchiffrable de leur union anéantie. Le tragique profond de cet homme, autrement médiocre et lâche, remonte de ce nouveau rôle, lui assigné en tant que sort : consentir à son état de spectateur, sans pouvoir comprendre. Énonciataire d'un message qui le dépasse, il se transforme en sujet énonçant sans relâche. L'incompréhension fait sens ici. Le drame est autant celui d'une distance infranchissable, d'une union refusée, que celui d'un savoir d'emblée impossible, d'un vouloir comprendre sans pouvoir y arriver. L'être souffrant du mari est comme englouti par l'Autre, absorbé dans sa présence, rendue si palpitante, envahissante, par le néant. Ainsi, le flm reprend et relance un discours dont le sort est à ne jamais trouver d'aboutissement : ces « questions maudites » circonscrivent la condition de l'homme. Les reprises et les reformulations à travers les époques différentes constituent et consolident une « culture de soi » à défaut de laquelle toute transmission serait chancelante, le dialogue avec d'autres cultures défaillant (Lotman, 1998).

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BOUANANE Kahina

Culture et valeur dans l’imaginaire maghrébin: entre rupture et continuité ?

 

Les valeurs sont subjectives et varient selon les différentes cultures. Les types de valeurs sociologiques incluent les valeurs morales et idéologiques. Les valeurs représentent des principes auxquels doivent se conformer les manières d'être et d'agir.  Elles constituent une morale qui donne aux êtres les moyens de juger leurs actes et de se construire une moralité. Quant à la Culture, les définitions sont nombreuses (Van der Sanden 2001 : 19). En Sciences humaines on réfère à la manière dont un groupe social se représente soi-même et représente l’autre à travers des productions, des institutions sociales ou des éléments de la vie quotidienne. En Sciences sociales, la culture réfère aux attitudes, à la croyance, à la manière de penser et de se comporter que les membres d’une communauté ont en commun. (Kramsch 1995 : 84). Dans cette communication, nous retiendrons une définition large de la culture que Gohard-Radenkovic décrit comme une jonction complexe de principes : On peut définir la culture comme l’ensemble des pratiques et comportements sociaux qui sont inventés et transmis dans le groupe; la langue, les rites et les cultes, la tradition mythologique, mais aussi les vêtements, l’habitat et l’artisanat en constituent les éléments essentiels.’’ (Gohard-Radenkovic 1999 : 102). Les romans de Djebar sont forts évocateurs dans ce sens, valeur et culture sont entremêlées et en même temps elles arrivent à un carrefour où elles finissent par se séparer. Nous choisirons le dernier roman de cette auteur algérienne d’expression française Nulle part dans la maison de mon père qui est considéré comme une œuvre autobiographique, et dans lequel, valeur et culture se disputent aussi bien l’espace de l’écriture que l’émoi de cette écrivaine ?

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BRITO(de) Clebson Luiz
Une réflexion sur le discours messianique en tant que problématique d’argumentation


Il n’est pas rare, dans des contextes les plus divers, de voir une référence à des discours messianiques, ainsi qu’à un ton ou un caractère messianique en nous rappelant que les productions discursives sont en quelque sorte des manifestations d’identités. Ces deux genres de références suggèrent à la fois des régularités relatives au niveau de l'énoncé et au niveau de l’énonciation. Nous cherchons, d’une façon générale, à rendre compte de ces régularités, c’est-à-dire d’une configuration discursive sous-jacente au discours messianique, que nous prenons dans un sens large du terme, au-delà du domaine religieux. Dans ce travail, en articulant des apports de la sémiotique et des théories de l’argumentation, nous chercherons à réfléchir plus exactement sur l’identité du discours messianique en tant que problématique d’argumentation, ce qui implique d’examiner les relations entretenues entre l’énonciateur et l’énonciataire par le discours-objet. D’abord par une approche théorique et ensuite par une analyse de deux textes, nous essaierons d’esquisser ce que nous envisageons comme une rhétorique du discours messianique, comprise comme un ensemble d'éléments relatifs au « faire croire » dans ce discours. Pour l’analyse, nous avons choisi un texte des Témoins de Jéhovah, groupe religieux reconnu par son attente messianique explicite, ainsi qu’un texte issu de la presse brésilienne au sujet de la recherche sur les cellules-souches. Nous essaierons de démontrer que, malgré leurs différences au niveau de surface, ces textes présentent une dimension argumentative qui les inscrit tous les deux dans un ordre mythique dont le cadre est messianisme. Dans les deux cas, l’énonciateur cherche à construire son image, c’est-à-dire son éthos, en tant que sujet du savoir s’adressant à un énonciataire qui refuse une certaine réalité prise comme chaotique. En même temps, il s’appuie sur une logique concessive selon laquelle le chaos ne doit laisser sa place à un ordre de bonheur et de plenitude sous l’effet d’ une intervention ponctuelle qui doit se produire dans un temps dont on ignore tout.

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C

CHAIBI Hassiba

La ″haraga″  serait –elle un fait ou effet culturel ?

 

La culture est un pilier qui maintient les communautés et se transforme en une substance qui s'infiltre dans l’esprit des sujets sociaux et configure leurs croyances et leurs intentions en donnant une signification au réel. Ce système symbolique qui façonne les comportements, intervient sur les formations cognitives en les relativisant en fonction de son emploi avec des dosages déterminés par le processus de « naturalisation de la réalité ».

Parmi ces représentations, nous proposons de nous intéresser à un fait social qui tend à devenir une habitude culturelle révélatrice d’une nouvelle forme d’adaptation que les sociétés en crise ont contractée avec le pouvoir. Il s’agit du phénomène de l’immigration clandestine, connu sous le nom de ″Haraga″ en dialecte algérien,  qui exprime une tension existentielle. Notre objectif en abordant ce sujet est de tenter de faire une lecture de cette réaction courante chez les jeunes algériens afin de comprendre les raisons de son existence et d’expliciter comment et pourquoi elle s’est imprégnée dans leur mentalité et finit par devenir une manifestation attitudinale qui vise à effectuer une transformation d’un mode de vie.Partant du postulat que si l’action de haraga est une forme d’expression collective liée aux enjeux sociaux, quel serait le point de vue critique d’un citoyen ″harague″ face au système politique et dans quel terme est traduite la contrariété sociale. Autrement dit, quelles sont les valeurs significatives qui lui sont attribuées par des sujets qui se disent être déniés ou anomiques.

Comme les valeurs sont envisagées à partir des actions en situation concrète, nous inscrivons notre étude dans la perspective de l’analyse discursive qui nous permettra d’atteindre le sens communiqué de l’interaction en s’attardant sur l’étude de la dépendance de ce qui est dit au contexte dans lequel il est dit et de l’approche argumentative qui s’occupe du dispositif énonciatif  révélateur  de la façon de pensée des locuteurs qui procèdent à la justification de leur point de vue et de leur positionnement par rapport à leur acte d’immigrer clandestinement.

A cet effet, nous avons constitué notre corpus à partir d’une séquence vidéo, de cinquante minutes, d’une émission intitulée « El chourouk enquête» qui a été diffusée sur une chaine de télévision algérienne, El chourouk, en 2012. Ces données ont été transformées en un texte par le biais des conventions de la transcription conversationnelle pour faciliter la lecture et faire ressortir les comportements verbaux et sociaux constatés. Et comme notre corpus est énoncé en arabe, nous avons procédé à la réalisation des correspondances phonographiques de l’arabe et l’utilisation de la traduction linguistique pour restituer le dialecte algérien par une transcription orthographique du français qui sert d’illustration simplifiant la lecture car le travail sera effectué sur la version originale afin de saisir la dimension interprétative en gardant l’effet contextuel notamment la référence socioculturelle qui entraine des champs sémantiques autour des unités lexicales propres à chaque langue.

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CHAVES DE MELLO Maria Elizabeth

Valeurs et culure dans la critique littéraire brésilienne au XIXe siècle: entre la rhétorique et le scientisme

 

Faire la critique de la critique nous donne, parfois, la sensation vertigineuse de descendre un abîme en spirale, tournant autour d'un même thème, sans aboutir à aucune conclusion. En effet, toute la mise en question de la place de la critique serait une imposture, si elle ne suscitait pas la mise en question de la place du critique dans la société. Pour mieux comprendre ces rapports entre critique et société, il serait important d`envisager le XIXe siècle au Brésil, quand s`établit, vraiment, la lutte pour la formation d`une identité nationale. La critique littéraire est engagée dans ce projet de construction de la nation, travaillant de plusieurs manières pour découvrir, “ce que c`est qu`un Brésilien”, et, ainsi, pouvoir saisir cette “brésilienité” dans les œuvres étudiées, aussi bien que rendre le public conscient de son existence. Les philosophies à la mode en Europe y participent activement, avec une grande influence sur la critique littéraire. Essayer d`étudier ce processus c`est aussi essayer d`étudier la formation de la pensée théorique au Brésil.

Nous pouvons affirmer que les idées et idéologies scientistes et positivistes, s`entremêlant de l`autre côté de l`Atlantique, acquièrent un style propre, différent chez chaque critique qui les adopte au Brésil. Engagés dans le projet de construction nationale, les intellectuels finissent par tomber dans une impasse, puisqu`ils n`arrivent pas à atteindre un public significatif. Ils se rendent compte, alors, de l`impossibilité d`agir dans la société. Cette aliénation à laquelle ils sont condamnés déclenche une autre pratique, celle des polémiques, composées d`exercices de rhétorique auxquels passe à se consacrer toute l`intelligentsia de l`époque, frustrée de ne pas pouvoir participer activement à l`histoire du pays. Tout devient motif de querelle, on se bat pour n`importe quoi, et ces disputes deviennent, quelquefois, des simples jeux de mots, qui tombent dans le vide, où ce qui compte c`est le discours et pas du tout les idées

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COLIN RODEA Marisela

Malgré le temps écoulé

 

L’étude a pour but d'analyser des valeurs reliées avec l'acte de chanter et celui de se rappeler. Les textes racontés sont des discours et des chansons remémorés à eux-mêmes à travers le regret ; ils sont  présentés comme textes de qualité poétique et musicale  porteurs de valeurs aujourd'hui absentes. Les acteurs qui énoncent cet acte de mémoire collective sont des personnes âgées,  qui ont donc vécu un temps passé dont ils témoignent.

Le corpus est formé par des programmes de télévision au cours desquels on commente et  interprète  ce que l'on désigne habituellement par les termes  "musique mexicaine". Il s'agit de chansons qui font partie de la mémoire collective de 30 à 40% des mexicains qui ont vécu et  se sont développés au contact de cette dénommée musique mexicaine.

Il est important de rappeler que les valeurs établies dans une société sont produites et reproduites au moyen des textes. Les textes définissant les valeurs établies sont renforcés dans leur rôle quand cette définition des valeurs se fait d'une manière sous-jacente, peu visible.

Nous  proposons une analyse des mécanismes de la construction sémiotico-sociale  de la réalité à partir de deux types des textes des discours produits dans la conduite du programme et de l'ensemble de chansons sélectionnées thématiquement. L'analyse est centrée sur l'étude de l'acte de regretter et de ses implications : Qui peut regretter ? Quel sens a cet acte ? Quelles valeurs sont associées à l'acte de regretter?

Des actes comme chanter et se rappeler sont marqués dans ce contexte  du caractère, du trait  collectif. C'est dans cette construction sociale que se reproduisent et transmettent des valeurs liées à  la communication, telles la solidarité, la beauté, le respect, éléments précieux pour la société actuelle marquée par la consommation, l'insécurité, la peur et la violence.

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CONSTANT Isabelle

Les objets de transmission de Dany Laferrière dans L’Enigme du Retour.

 

Haïti, dès que l’on prononce ce mot, viennent  à l’esprit des images terribles, la pauvreté, la dictature, le vaudou, les cyclones et tremblements de terre.  Il se trouve aussi qu’Haïti a produit un certain nombre d’écrivains de grande qualité, parmi les plus jeunes, Edwige Danticat et Dany Laferrière et de grands artistes peintres.

Dany Laferrière, écrivain exilé de longue date à Montréal, lutte à sa manière poétique contre cette vision négative de son pays.  Récipiendaire du prix Médicis 2009 pour son roman L’Enigme du Retour, puis élu à l’académie française en  2013, Dany Laferrière fait honneur à son pays, le remet dans l’actualité et nous interroge sur la situation de l’exilé et les conséquences transgénérationnelles de l’exil.  Tout mot pourrait servir d’objet littéraire dans la mesure où il appelle à l’esprit une certaine forme de concret, un ensemble de représentations communes, ou de souvenirs.  Les objets littéraires récurrents de Dany Laferrière peuvent être des lieux, des objets ou même des personnes.  Les objets littéraires qui nous intéressent ici sont ceux qui ont trait à la transmission.  En étudiant en profondeur ces objets récurrents,  on s’aperçoit que presque tous les objets littéraires de Dany Laferrière dans L’Énigme du Retour sont chargés, saturés même, de transmission.  Ce roman ne raconte pas tant un parcours comme son titre pourrait le laisser entendre que l’histoire de la création artistique d’une transmission, d’une transmission fictive.  Comme la transmission réelle fait défaut, volée par des années de dictature, Dany Laferrière doit la tisser grâce à un appareil symbolique de lieux, d’objets, de personnes, les lieux et les personnes servant parfois d’objets littéraires.  Paradoxalement, c’est la pauvreté ou même l’absence de transmission paternelle qui fait finalement la richesse de l’écriture de Dany Laferrière.

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CONSTANTIN DE CHANAY Hugues

Éthos et mythe : le cas des Kim

 

La notion classique d’éthos pose trois sortes de problèmes :

-              la définition du concept ;

-              le corpus permettant d’appréhender un éthos ;

-              les catégories mobilisées pour la description et l’analyse d’un éthos donné.

On abordera ces trois problèmes à travers le cas des Kim, c’est-à-dire de la dynastie formée par Kim Il-Sung, Kim Jong-Il et Kim Jong-Un, respectivement grand-père, père et fils, dictateurs par transmission héréditaire du pouvoir de la Corée du Nord,dont le maintien au pouvoir s’appuie sur ce qu’on s’accorde à appeler « culte de la personnalité ».

Les définitions de l’éthos disent généralement qu’il s’agit d’une image de l’orateur/trice projetée dans et par son discours et destinée à soutenir son argumentation : éthos « oratoire », auquel s’oppose l’éthos « préalable », et dont plusieurs traits sont problématiques. Traditionnellement envisagé dans l’inventio et principalement dans ses manifestations linguistiques, il serait mieux saisi dans l’actio où  la parole s’incarne dans le corps (voix et « PMG » — le posturo-mimo-gestuel) et ses accessoires (vêtements). Il est également considéré comme soutien de l’argumentation alors que les images projetées ne sont pas toujours favorables. Enfin, l’éthos classique reste de conception monologale ; or les images de soi, comme les discours, sont confrontées aux images  et aux discours des autres.

De ce fait les corpus pertinents ne se limitent pas au texte des discours publiquement adressés mais s’étendent à tous les genres de discours et surtout à tous les faits ou signes susceptibles d’exprimer un éthos.

Quant aux catégories mobilisées elles soulèvent des problèmes de repérage, de découpage et d’analyse (inventaire des signifiants et des signifiés, etc.) et elles sont souvent ambivalentes.

Ces questions seront abordées à travers l’exemple de Kim Il-Sung, Kim Jong-Il et Kim Jong-Un. Il s’agit d’un cas emblématique. Étant donné l’exotisme de la Corée du Nord pour un regard français, le risque de contresens culturel contraint à poser la question de la nature de l’auditoire de l’éthos : épouvantables criminels d’un point de vue occidental, les Kim ne le sont pas forcément du point de vue coréen. Le corpus publiquement disponible est a priori fragmentaire et très hétérogène tant sémiotiquement qu’énonciativement — car l’empan axiologique s’étend de l’hagiographique au dénonciateur. L’hétérogénéité sémiotique amène à utiliser des concepts comme celui de mythe proposé jadis par Barthes, où la profusion des signifiants s’oppose à la pauvreté des signifiés, et à se demander de quels paradigmes se nourrit le sens. Quant à l’hétérogénéité énonciative, elle incite à proposer une théorie dialogique de l’éthos.

Une telle recherche débouche enfin sur une réflexion au sujet des conditions d’exercice et de perpétuation d’un pouvoir dont tout porte à croire que via l’éthos, il est une « entreprise d’institution du réel » (Barthes) qu’on peut décrire comme une  aliénation. Il semble inévitable de rechercher sur de tels sujets un équilibre entre la neutralité qui est une condition nécessaire de la recherche et l’engagement qui lui donne un sens.

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D

DELARUE Fernand
Trahison et transmission : le « siècle d’Auguste »


De 44 av. J.-C. à 14 ap. J.-C., Octave, devenu Auguste en 27 av.-C., a occupé le devant de la scène. Il a fait passer Rome de la république à un régime monarchique et a domestiqué le sénat ; les comices, expression de la volonté du peuple Romain, sont supprimés à sa mort dans l’indifférence générale. Grand Pontife à partir de 12 av. J.-C., chef de la religion, il a voulu réformer les mœurs. D’autre part, tout en accroissant la magnificence de l’Vrbs, il a réorganisé le monde romain, c’est-à-dire tout le pourtour de la Méditerranée (qualifiée de mare nostrum), qui ne dépend plus de l’arbitraire de gouverneurs pratiquement tout-puissants ; sous des magistrats ou des fonctionnaires responsables devant l’empereur, les provinciaux acquièrent une importance nouvelle. Ces bouleversements politiques et religieux ne sont pas sans influence sur la vie littéraire et aussi spirituelle.
Bouleversement, mais non rupture. Il existe une continuité entre la république et l’empire : les citoyens romains continuent à se revendiquer comme héritiers des grands noms de l’histoire romaine et à se réclamer d’eux non seulement en Italie, mais dans toute la partie latine de l’Empire (Espagne et Gaule en particulier). Au-delà de l’hypocrisie (les magistra¬tures gardant leur nom, mais vidées de leurs pouvoirs) ou de l’affectation (Auguste obligeant ses filles à filer la laine, comme les Romaines antiques), on se demandera ce qui a été véritablement transmis d’une époque à l’autre et pourquoi, après une époque de relative stérilité (marquée par l’exil d’Ovide), la magnifique renaissance de la littérature impériale, de Sénèque à Tacite, cherche ses racines non plus en Grèce mais à Rome même, aussi bien chez les auteurs de l’époque républicaine (Cicéron, Salluste, Lucrèce) que chez ceux du « siècle d’Auguste » (Virgile, Horace — et aussi Ovide).
On verra comment Auguste a su tirer parti des leçons de Virgile et de Tite-Live, de la façon dont ils associent étroitement mémoire (monumenta) et histoire. On s’attachera d’autre part à quelques termes traditionnels, profondément enracinés dans la conscience collective, mais susceptibles de remodelages parfois subtils : libertas, pietas, mos — ainsi qu’aux notions apparemment nouvelles : princeps (avec le nom même d’Augustus), consecratio (apothéose). On n’oubliera pas que « à Rome, on ajoute sans cesse, on ne supprime jamais » (J. Champeaux). On se demandera cependant, non sans l’aide des témoins les plus subtils, Ovide, Sénèque, Tacite, ce qu’il a fallu oublier — ou refouler.

DGHIM Chiheb

Altérités et identités : la représentation de l'étranger dans le roman arabe contemporain

 

Le regard que les sociétés et les politiques portent sur le concept d’étranger, la réactivation dont il fait actuellement l’objet dans les sciences sociales, philosophiques, et son introduction dans la littérature, nous donne toute la légitimité de l’étudier dans la production romanesque arabe contemporaine. Nous avons choisi de regarder l’étranger à travers la vision que le personnage arabe se fait de lui. Mieux nous cernerons le personnage arabe, son identité, son espace, sa culture et ses visions de l’Autre et du monde, mieux nous comprendrons son opposé et parfois alter ego étranger, puisque : Toute image procède d’une prise de conscience, d’un Je par rapport à l’Autre, d’un Ici par rapport à un Ailleurs. (PAGEAUX D-H., De l’imagerie culturelle à l’imaginaire, ouvrage collectif)

La notion de l’étranger renvoie généralement aux problèmes de l’identité et de l’altérité. À ce titre, elle renvoie aussi aux lectures politiques actuelles de la construction des États-nations, dans un monde occidental incité plus que jamais à supprimer les frontières avec les peuples culturellement et religieusement les plus proches et, a contrario et simultanément, à les refermer et les sécuriser avec les peuples du Sud et, par excellence, celles avec le monde arabo-musulman.

L’étranger est une figure qui a fait son apparition dans la littérature arabe moderne après la Campagne française de Napoléon et qui, depuis lors, n’a cessé de travailler les esprits et de hanter le romanesque. Il circule dans les textes bien avant « la Renaissance » arabe et reste étroitement associé au thème de la rencontre avec l’Occident et sa culture, dès lors, l’étranger est devenu un des modèles de l’aventure romanesque arabe. La première étape de notre réflexion reposera sur les questions suivantes : quelle est la place qu’occupe le personnage étranger dans le roman arabe, dans sa construction et son évolution ? Dans quelle mesure l'autochtone arabe s'ouvre-t-il dans les textes narratifs sur l'étranger, comment le perçoit-il, le reçoit-il et l’invente-t-il ? Quel est le rôle et l’influence de l'étranger dans la formation et la déformation de l’identité du personnage arabe ? Quelle est l’image que le personnage arabe a de lui-même ? Dans quelle mesure, enfin, les romans reflètent-ils la vision que la société arabe réelle se fait de cet étranger ?

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DIAS BARCELOS Janaina
Parcours des lectures et des significations : quelques réflexions sur le discours des photographies de pressede l´occupation des “favelas” de Rio de Janeiro par la police


Les discours sont des façons de voir le monde et, en même temps, de construire notre regard sur ce monde, c´est à dire, de signifier. Ils portent des valeurs et des connaissances qui, quand elles sont partagées, agissent sur la transmission des croyances et des pratiques. Nous étudions les discours des images photographiques de la presse comme textes qui portent plusieurs sens. Le sujet des photos est composé par les “favelas” (bidonvilles) de Rio de Janeiro, Brésil. Nous cherchons à comprendre comment l´image de ces sites est présentée à partir des discours que ces photographies engendrent. Pour faire notre analyse, nous avons choisi trois photos, publiées par le journal brésilien O Globo le 29 avril 2013. Notre démarche tient compte de l´analyse du langage photographique (SOUSA, 2004; LÜERSEN, 2007), de l´intericonicité (COURTINE, 2011) et des imaginaires sociodiscursifs (CHARAUDEAU, 2006, 2007). Ces trois éléments, vérifiés et rapportés, peuvent nous aider à voir quel type de regard sur la “favela” est produit discursivement. Nous nous sommes rendu compte que le choix des plans et des angles photographiques, ainsi que les relations d´intericonicité que nous avons observé dans les images analysées, conduisent à des imaginaires de liberté, de sécurité et de protection qui, à son tour, collaborent à produire des significations liées à la reprise de la puissance par l´État avant la domination du trafic de drogue dans les “favelas” de Rio de Janeiro. À partir de cette analyse, nous avons trouvé des significations liées à la trilogie de l´homme, à l´État et à Dieu, présentes dans les représentations de la population, de la police et du Christ qui sont montrées dans les images analysées.

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DISCINI Norma

Corps et discours: aspect et style

 

À partir d'une sémiotique discursive, qui conçoit le sujet comme un effet d'identité construit dans l'immanence des énoncés, nous discuterons les conditions d'émergence du corps, par rapport au temps-espace qui le soutient, ce qui concerne la façon dont tel ou tel sujet se fait l'habitant du monde. L'immanence, fondatrice de la transcendance, fera apparaître les deux termes, sujet et monde, comme corrélés dans la constitution d'un acteur caractérisé comme précarité et comme contingence sensible : ainsi nous invite à penser la méthode phénoménologique telle qu'elle est incorporée par les développements contemporains de la sémiotique où le sensible se conçoit comme tensivité. Une fois cela admis, le corps, fondement du style, sera examiné en tant que projeté par les mécanismes discursifs, lesquels présentent la perception comme fonction sémiotique et permettent d'envisager l'acteur, catégorie discursive, eu égard à l'aspectualisation qui le définit. Ce mouvement suppose que l'on observe le discours en acte, mettant en lumière un “point de vue du sujet sur le procès” – fondement linguistique de la notion d'aspect. Nous cherchons ainsi à décrire les mécanismes d'après lesquels l'acteur de l'énonciation s'aspectualise dans la fondation d'un style donné, à savoir, le style des genres et le style de l'auteur, celui-ci se construisant contre la toile de fond de celui-là. Parallèlement doit émerger le temps-espace, qui, établi entre les oscillations tensives, dessine le contour du corps de l´acteur selon une ligne privilégiant tantôt les saillances, tantôt les passances, les premières comprises dans les rapports avec l'inchoativité et la terminativité, et les dernières dans la durée du continu. La durée, elle, attirera notre attention dans la mesure où elle fait appel à la simultanéité des vécus et de ce qui est encore à venir, à tout ce qui se produit dans un présent qui dure en tant qu'expérience sensible. Entre une aspectualisation saillante et une aspectualisation passante, devrait donc prendre origine la ligne qui ébauche l'iconicité du corps propre du sujet, tandis que l'aspect – une catégorie traditionnellement liée au temps, envisagée dans la constitution du corps de l'acteur afin que naissent l'observateur social et l'observateur sensible, enracinés l'un et l'autre dans un certain angle de prise de vue – confirme le style comme une structure ouverte. Cette revendication d'une assise conceptuelle pour l'acteur en tant qu'aspect dans le traitement d'un corps approché comme style suppose, enfin, un regard porté sur le corps de l'autre, qu'il s'agisse du monde-objet ou des pratiques sémiotiques ; en effet, celles-ci, définies par les usages et les cultures, se présentent comme un “processus ouvert circonscrit dans une scène”, ce qui trace l'horizon de perception concernant le devenir du corps propre.

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DJAVARI Mohammad Hossein

Les avatars des valeurs littéraires et culturelles : l'exemple du Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry en Iran

 

Nous entendons par l’expression "les avatars", toutes les métamorphoses et les transformations qu'a subies Le Petit Prince, le chef-d'œuvre de Saint-Exupéry, dans la culture iranienne. Ce texte qui se réfère à un système de valeurs et qui, du fait de sa notoriété littéraire, devient un outil de diffusion de ces valeurs sur le plan international, nous a conduit à nous poser les questions suivantes :  Comment les valeurs littéraires et culturelles traversent-elles les frontières qui séparent les cultures? Comment évoluent-elles et deviennent-elles la source et la matière de nouvelles créations artistiques?  Par l’étude que nous avons conduite de la réception du Petit Prince en Iran, nous tenterons de comprendre le fonctionnement de la transmission culturelle et d’expliquer la variété des traductions, des adaptations et des recréations de cette œuvre. Cela nous oblige à analyser en profondeur le système des valeurs que ce texte représente, et pourquoi les créateurs iraniens se sont intéressés à ce point à cette œuvre? Enfin quelle "valeur ajoutée" y ont-ils apportée ?

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E

EL BAKKALI  El Arbi

L'invasion de la culture française au Maroc : une violence d’identité ou une ouverture de société.

 

Le Maroc est un pays de la francophonie. Cette exigence linguistique a donné naissance à des échanges culturels plus intenses entre Paris et Rabat qui remontent à plusieurs décennies. A vrai dire,  la forte relation  qui connecte les deux pays dés le début du 20ème siècle  émane particulièrement de la période coloniale où le Maroc était sous le protectorat français (1912- 1956). Cette vieille relation bilatérale a favorisé fortement le contact des deux pays dans plusieurs domaines et  elle a crée des circonstances propices  pour la transmission de la culture. Certes, le Maroc est un pays arabo-musulman mais actuellement les marocains, dans leur vécu quotidien,  suivent le modèle français en célébrant par exemple la Saint Valentin, Noel etc.

La communication visera à mettre en évidence cette présence spectaculaire des différents aspects de la culture française au sein de la société marocaine.

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ERTNER ELENA, ERTNER DARIA

La ville sibérienne dans la prose russede la fin du XIXe, début du XXe siècle

 

Dans la littérature du pays de Tioumen du XIXe siècle, le modèle spatial est présenté par une ville sibérienne - une ville de gouvernement ou un chef-lieu de district - par une route menant vers celle-ci du centre de la Russie ou la traversant pour aller plus loin, à l'est, et par la taïga environnante, où on trouve parfois des monastères, des colonies de kerzhak, des fermes.

La paradigmatique sémiotique de Tioumen a une nature conflictuelle et elle est présentée dans la littérature du pays comme «un pays barbare», «un lieu d’exil et de travaux forcés», «le royaume de la tempête de neige et de la gelée, où il n’y a de vie en rien», «un trou paumé», «un pays libre», «un endroit retiré», «une Belle aux bois dormant», «la première ville de la Sibérie», «la porte de la Sibérie», «le carrefour entre le sud et le nord», «un coin animé», «un phoque», «des pelménis», etc. Dans la communication, l’auteur souligne que Tioumen est une ville qui crée des images particulières.

L’auteur étudie les singularités du conflit sémiotique du «sien» et de «l’étranger» qui surmonte la priorité de la mythologie eschatologique, ce qui conditionne la nature complexe et dynamique de l’interaction de ses réalités dans les oeuvres de N.M. Yadrintsev «A l’étranger», de N.A. Lukhmanova «Dans les endroits éloignés», de M.S. Znamenskiy «Des gens disparus», D.N. Mamin «Le pain».

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F

FRIIS ALSINGER Léa

La transmission des objets inscrits dans le cadre muséal : corpus d’objets médiévaux épigraphiés à Gérone

 

Les objets portant des inscriptions sont des interfaces culturelles doubles, dans le sens où tant l’objet que l’écrit sont à la fois des productions typiques et des reflets des sociétés humaines. Ils sont donc des porteurs multiples de communication et de mémoire, via leurs signes (forme, matériaux, calligraphie, orthographe, contenus textuels et référentiels, illustrations…). Leur transmission est facilitée en partie par le biais muséal, qui nous donne à voir ces objets inscrits dans les expositions, permanentes et temporaires. Ceci dit, l’exposition muséale va de pair avec un aspect de sélection, et rajoute également des spécificités à la transmission des valeurs véhiculées par ces objets et ces inscriptions. Curieusement, dans mon corpus d’étude, j’ai pu remarquer que même des objets exposés n’avaient pas eu leurs inscriptions étudiées ; elles n’étaient ni remarquées, ni retranscrites dans leurs fiches d’archives. La mise en scène, en vitrines, et la mise en écriture sur différents supports, par les instances muséales, des particularités des objets, sont autant de guides de transmission. C’est ces aspects ambigus de la transmission muséale des objets inscrits que je propose donc d’évoquer pour cette communication.

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G

GALARRETA Daniel
Objets culturels, mémoire et négociation

De quelle manière des objets définissent-ils une culture ?
Dans sa préface de L’explosion et la culture (Youri Lotman), Jacques Fontanille oppose la culture considérée comme la somme d’objet, et de pratiques dans lesquels une communauté se reconnaît, à la culture considérée comme une activité globale de production, ou une praxis.
Dans le premier cas la sémiotique de la culture se divise alors en spécialités, juxtaposées les unes aux autres, ayant pour tâche de décrire chacun de ces types d’objets ou de pratiques. Dans le second cas la culture est définie indépendamment des objets et pratiques qui la constituent.
Considérant la question de la définition des objets dans le cadre de la conception de systèmes complexes, p. ex. les systèmes spatiaux, il est possible d’en proposer une formulation sémiotique en recourant à une méthodologie multi-points de vue.
Cette méthodologie s’inscrit dans un projet théorique qui vis-à-vis d’ensembles signifiants a priori vise à expliciter sous forme d'une construction conceptuelle, les conditions de la saisie et de la production du sens de « mises en présence de points de vue » manifesté par ces ensembles.
Cette méthodologie multi-points de vue, du fait de l’adoption de certaines notions hjelmsleviennes, possède entre autres particularités celle-ci : les points de vue ne sont appréhendés qu’à travers de leurs confrontations. Il en résulte en particulier que l’existence d’un point de vue d’analyse extérieur aux points de vue analysés implique l’existence d’une mémoire i.e. non d’un stockage, mais de mouvements alternés de la pensée entre des objets déjà réalisés et des objets émergeants (objets actualisés ou virtuels).
Cette dernière caractéristique est à rapprocher à la suite de Mary Carruthers de la distinction qu’opérait l'art de la mémoire du Moyen Âge entre la Memoria verborum et la Memoria rerum. La première ne nécessitant aucune pensée véritable, convenant de ce fait aux enfants ou aux esclaves. La seconde contribuant à la sagesse, construisant le caractère et perfectionnant l’âme.
Il résulte de ces différentes considérations que la culture peut se définir à partir de ses objets, à condition d’avoir en retour, de ces objets, une conception dynamique de leur émergence, c’est-à-dire résultant de l’interaction entre points de vue. Ici se dessine une voie moyenne entre les deux conceptions de la culture pointées par J. Fontanille.
D’un point de vue plus technique nous tenterons dans cette communication d’élucider dans les termes même de notre méthodologie, la question de la corrélation de points de vue. Cela revient à élucider un mécanisme de négociation. Il s’agit d’un point important puisque c’est au travers de corrélation de points de vue que l’objet sémiotique se réalise. Nous montrerons qu’il est possible de donner une formulation sémiotique de ce mécanisme pour certains types de cas. Nous considérerons pour ce faire, le domaine de l’architecture et les propositions d’Andrzej Piotrowski sur la manière dont l’architecture non seulement représente, mais également négocie les différences culturelles avant que les populations qu’elles concernent ne puissent pleinement les comprendre.
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Giovanna di ROSARIO
Littérature numérique: entre permanence et éphémère


Si d'un côté il y a le "big-data" et le sentiment de n'être jamais oubliés (il y a quelques jours que la Cour européenne de justice du Luxembourg a débouté le groupe américain Google pour ce qu'on a appelé le "droit à l'oubli"), de l’autre côté quand on travaille sur des textes littéraires numériques, on s'aperçoit qu'il s'agit de textes à la fois "fragiles" et éphémères. Le support numérique suscite des tensions entre des "régimes d'immanence", comme dirait Gérard Genette (1994), dont la complexité s'est accrue pendant les dernières années. Dans le domaine de la littérature numérique en effet, le peu de constance des supports de création et des modes de restitution provoque cette sorte d'éphémère textuelle qui interroge directement la dimension littéraire et la transmission culturelle. Cette dimension éphémère, causée par la fragilité technologique et par une construction intrinsèque du texte lui-même, est une des caractéristiques de la littérature numérique.
On peut dire que la littérature numérique se caractérise par quatre éléments principaux: 1. le multimédia (les œuvres de littérature numérique sont souvent créées par l’interférence de différents systèmes sémiotiques : le texte, l'image fixe et animée, et le son); 2 l'animation textuelle (les lettres et les mots peuvent se mettre en mouvement et ce mouvement peut donner d'autres signifiés au texte originel); 3. l'interactivité (le texte peut être manipulable, donc il peut changer et il peut être changé); 4. le programme (le programme informatique agit même si le lecteur ne voit pas son action sur l'écran; mais le programme n'est pas forcément exécuté de la même manière sur n'importe quel ordinateur, ce qui rend cette littérature fragile au sens propre, où selon Alexandra Saemmer "éphémère", Saemmer 2013).
D'autre part, un objet culturel est souvent défini par sa permanence. Comment donc la littérature numérique, qui semble être caractérisée par un caractère éphémère intrinsèque, peut-elle être un moyen et un véhicule de la transmission de la culture (littéraire) numérique?
Dans son livre Écrit/Écran (2013) Derrick de Kerckhove note que l'écriture interpose toujours un écran, qui tente de créer un pont entre l'auteur et le lecteur, entre le lecteur et le monde, donc entre le lecteur et la culture.
Le but de cette communication est d'analyser la littérature numérique entre sa composante permanente et sa composante éphémère et de montrer comment, en effet, elle peut être le véhicule d'une nouvelle culture digitale.

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GOUDAILLIER Jean-Pierre

100 ans après : quelle analyse linguistique des écrits de la Grande Guerre ? L’exemple de l’argot des poilus.

 

L’année 2014 marque en France et dans divers pays européens le début des commémorations de la guerre de 14-18, une manière de raviver la mémoire collective, éventuellement à des fins politiques, à propos de faits aux conséquences importantes pour tout le reste du XXe siècle. Un nombre considérable d’écrits a été produit par les soldats de toutes les nations belligérantes engagées dans le conflit. Pendant les quatre années de guerre, rien qu’en France ce ne sont pas moins de dix milliards de lettres, cartes postales, etc. qui ont été écrites et envoyées par les militaires et leurs familles. La littérature n’a pas été en reste. Une production volumineuse d’œuvres d’écrivains, parmi lesquels Roland Dorgelès, Henri Barbusse et Maurice Genevoix ne sont pas les moindres représentants, constitue un complément important de nature littéraire aux écrits de type épistolaire. Ce vaste corpus écrit contribue à la mémoire historique concernant les œuvres d'art et les œuvres littéraires. Au-delà de la controverse initiée par Jean-Norton Cru à propos de la validité des témoignages contenus dans ces textes il est de nos jours important, voire nécessaire, de pouvoir les analyser compte tenu des avancées de la linguistique contemporaine. En prenant aussi en considération les résultats des analyses faites de l’argot de la guerre, des tranchées à l’époque même de la Grande Guerre par Albert Dauzat, Gaston Esnault et Lazare Sainéan entre autres, nous tentons de proposer des outils de travail, ceci afin de pouvoir vérifier l’existence ou non d’un argot des poilus utilisé par les soldats et de procéder dans l’affirmative à l’inventaire des lexèmes et expressions spécifiques d’une telle variété langagière du français populaire et argotique de l’époque.

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GOUTAGNY Sarah

Transmettre à l'ère du numérique ?

 

L'hypothèse que l'on voudrait examiner est la suivante : pour comprendre la rupture de l'ère numérique dans laquelle nous sommes manifestement entrés, il faut analyser la différence entre culture orale et culture écrite. Pourquoi? Parce qu'il y a vraisemblablement moins de différence entre l'écriture et le numérique qu'il n'y en a entre l'oralité et la raison graphique. En effet, le numérique, c'est d'abord de l'écriture, même s'il produit l'illusion de pouvoir la dépasser. C'est du point de vue de la transmission que les technologies du virtuel semblent tout bouleverser. Cette formidable banque de données qu'est le Net rend caduques toutes les techniques de transmission (répétition, mémorisation, copie) dont l'institution scolaire en particulier s'est faite le chantre.

Revenons, pour penser cette révolution, à celle qui l'a précédée: le passage de l'oralité à l'écriture. De ce point de vue, il faut faire tomber une idée-reçue: on considère généralement que l'écrit est l'outil qui permet de faire circuler la parole indépendamment des situations d'interaction qui la produisent. Ainsi, il  donne la possibilité d'échapper au contrôle immédiat de ceux à qui l'on s'adresse. A contrario, dans la société orale, celui qui, par exemple, doit répéter la parole sacrée est soumis aux regards et à l'écoute de ses pairs. C'est en cela que, pour B. Lahire comme pour les tenants de la “littéracie”, de l'oral à l'écrit on change de rapport au monde : d'une organisation basée sur la pensée mythique, l'absence de pouvoir politique séparé et le sens pratique, on passe à une structure du pouvoir qui rend possible une appropriation du sens de l'Histoire, une autonomie des sphères politique et religieuse, et une exploration du langage pour lui-même (l'écriture, parce qu'elle met techniquement à distance ce qui est dit, produit de la réflexivité).

L'analyse relève pourtant d'une méconnaissance du processus de transmission tel qu'il se réalise effectivement dans la société orale, parce qu'on regarde celle-ci avec nos yeux de lettrés. Que se passe-t- il en effet, dans une société sans écriture, lorsque l'orateur se trompe en répétant ? Etant donné que l'on n'a pas, dans ces conditions, les moyens de vérifier rigoureusement la conformité de la parole transmise à l'original, ce qui est dit va être considéré comme ce qu'il fallait dire. Autrement dit: le fait est que la parole sacrée se transforme peu ou prou en fonction des locuteurs qui la transmettent. Mais, quand bien même les personnes concernées s'en rendent compte, la valeur attribuée à ces modifications est nulle: le processus de transmission est tel qu'il neutralise ces altérations pour produire de la tradition.

Tout cet édifice symbolique tombe avec l'écriture parce que celle-ci découvre l'intentionnalité de la parole. Nous voudrions montrer, à partir des travaux de Goody, Bernstein, Clastres et Winnicott en particulier, comment la nature de la langue change de l'oralité à l'écriture et ce que cela signifie du point de vue, d'une part, de la valeur attribuée à la langue elle-même, et, d'autre part, de la conception de l'individu que celle-ci rend possible.

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GUELADZE Sibylle

Les néologismes comme moyens de transmission de valeurs culturelles d’une langue à l’autre

 

Nos recherches portent sur l’étude des néologismes récents en français et en géorgien. En observant les transmissions culturelles d’une langue à l’autre, nous avons pu découvrir les expressions françaises et géorgiennes équivalentes non seulement d’après le signifié mais aussi selon le signifiant : par ex.« Être entre deux feux ~, ; ~à cheval donné on ne regarde pas la denture », « de la poudre aux yeux »    etc. Comme le souligne Umberto Eco, toutes les langues sont comparables parce que « Malgré la diversité des langues dans toutes les cultures il pleut ou il fait soleil, on dort, on mange, on naît… ». De ce point de vue, toutes les communautés linguistiques se ressembleraient mais elles ont aussi leurs particularités dont l’origine se situe dans la culture de chacune d’elles. Les mots traduisant ces particularités culturelles pénètrent dans une langue étrangère comme des néologismes. Umberto Eco cite le cas d’Averroès qui traduisant l’art poétique d’Aristote ne savait que faire des mots tragédie et comédie, parce que dans la culture arabe ces genres culturels n’existaient pas. (U.Eco 2010 « Dire presque la même chose », p. 451). Dans de tels cas, les néologismes deviennent des normes. C’est également le cas des termes concernant l’informatique:  spam, scanner, e-mail, etc. Cependant, il faut signaler que parfois le néologisme se substitue au mot déjà existant à cause de sa forte médiatisation et surtout à cause d’une réalité nouvelle à laquelle il correspond le mieux. Par exemple, le terme japonais « tsounami » avant le raz de marée de l’Asie du Sud en 2004, était absent du vocabulaire médiatique comme des conversations quotidiennes. ( N. Garric, Frédéric Calas, 2007 p,175) . Nous sommes en présence de la formation d’une norme discursive, du fait de la couverture médiatique de l’événement.

L’apparition de nouveaux objets ou de nouveaux concepts à la suite des progrès de la connaissance et des techniques constitue le principal argument en faveur des néologismes. (J. Pruvost, J-Fr. Sablayrolles, 2003, p. 54.).  Ainsi, d’après « Le Figaro » du 21.06.2012, environ 300 mots ou expressions ont fait leur entrée dans le Petit Robert 2013.  On sait que souvent l’événement est à l’origine de la création d’un mot nouveau : ainsi, la catastrophe nucléaire de Fukushima a fait mieux connaître « corium » (magma hautement radioactif) ou « liquidateur » (technicien chargé d'intervenir sur un site nucléaire après un accident). En matière d'environnement, on a aussi beaucoup parlé du « parc éolien », de la « marée verte » et du « gaz de schiste ». Enfin, le sacre de Jean Dujardin à Hollywood est pour beaucoup dans l'apparition du verbe « oscariser ». Tout événement est produit à la suite d’une réalité et par là, contribue à la création de nouvelles normes discursives. Notre analyse porte sur les néologismes récents en français et en géorgien à partir des articles de la presse écrite des dernières années.

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GUIBOURGÉ Jérôme

Des objets culturels aux pratiques transculturelles

 

Cette intervention est à la croisée de la sémiotique, du design et de la communication de marque. Elle porte sur les objets et leurs pratiques et, montre comment un objet technologique culturellement lié à une génération et au genre devient transculturel à partir d'un cycle de valorisations et d'intégration culturelle, mais aussi à partir de gestes humains.

Les cultures articulent des figures et des formes culturelles réparties en six niveaux de pertinence (Fontanille, 2008, 34). Entre les cultures, figures et formes peuvent varier et leurs articulations entre niveaux également avec des syncopes distribuées ici ou là. Bien que différente, chaque culture peut partager certains éléments culturels à certains niveaux, dont celui des objets et des pratiques . Ceux-ci et celles-là sont valorisés par des genres et des générations de sujets dès qu'ils s'en saisissent. Cette saisie repose sur un investissement thymique, car depuis Greimas, on sait que les valeurs ont un mode d'existence virtuel actualisable, voire réalisable, à condition que le sujet y applique une intensité thymique (Greimas, 1983, 93).

Par ailleurs, dans son approche sur la sémiosphère, Lotman a montré que toute nouvelle forme ou figure culturelle qui apparaît et est incorporée dans une culture, modifie ses valeurs selon une dynamique déterminée par deux catégories l'intensité affective et la quantité de figures et de formes culturelles existantes et transformées (Lotman 1998). Fontanille extrait de cette approche quatre étapes qu'il inscrit dans une structure tensive applicable, donc aux objets et aux pratiques.

À l'aide d'un objet technologique comme le smartphone tactile, j'émets l'hypothèse que sa valeur de convivialité résulte peut-être moins d'un processus d'homogénéisation à partir des valences de cette valeur liées à une culture mondialisée que de pratiques humaines déjà partagées par un grand nombre de cultures. Autrement dit, au fondement de ce produit je suppose l'existence de gestes ancestraux largement partagés.

Un des avantages de l'image publicitaire est sa capacité à s'affranchir des barrières culturelles pour fournir un sens saisissable par le plus grand nombre. Ainsi, au niveau international, elle délivre un nombre restreint d'univers de sens homogénéisés par des expressions et des contenus stéréotypés. Cette conception transfrontalière de la création publicitaire est largement utilisée par les marques internationales qui l'appliquent aussi à leurs produits. Les gains réalisés sont manifestes et encouragent cette pratique. Cependant, si le texte-énoncé publicitaire convoque principalement les cohérence et cohésion interprétatives comme types d'expérience, un objet comme l'Iphone outre sa corporéité propre, va proposer des pratiques à l'usager (Fontanille, 2008, 25). Ce changement de niveau de pertinence mobilise non seulement les sémioses perceptive et cognitive mais aussi celle pragmatique de pratiques culturelles. L'objet intègre donc d'autres dimensions culturelles, que la marque doit dépasser dans son désir de conquête internationale. Si les spécialistes ont résolu les premières sémioses principalement grâce aux stéréotypes, comment faire pour la praxis ? Selon le rayon de diffusion souhaité et pour la création d'un nouveau produit (tel l'Iphone), les spécialistes ont trois possibilités pour générer des pratiques dont le sens est partageable par différentes cultures : l'objet est inventé sur la base d'une catégorie d'objets transculturels déjà connus et pratiqués, ils cherchent les « formes syntagmatiques » partageables par les cultures concernées et intégrables à l'objet, ils cherchent les gestes universels, « la substance » à intégrer à l'objet (Fontanille, 2008, 28).

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H

HAFIZ Nadia

Le Chaabi  miroir de la culture et des valeurs d’Alger ville post-coloniale

 

Des changements de la société surviennent quand les populations des campagnes ou des montagnes se déplacent en groupes pour s’installer définitivement en ville. La transformation se manifeste à travers l’habitation, le langage, la nourriture, les vêtements et tout ce qui différencie les citadins des bédouins, comme l’a si bien souligné Ibn Khaldoun dans sa Mokaddima. En fait, c’est par le choc entre deux mondes différents, que le moderne chasse l’ancien, faisant apparaître des linéaments d’une nouvelle culture, dus au passage d’une culture agraire à une culture citadine.

Si la conviction de l’éminent architecte brésilien Oscar Niemeyer, est que l’architecture ne peut rien changer, mais que la vie peut changer l’architecture, il serait vrai de dire que la vie culturelle en Alger post-coloniale a bien changé les valeurs ancestrales.

Le grand bouleversement a eu lieu dès l’indépendance du pays, exsangue et secoué par plusieurs années de guerre. Cette situation ébranla l’échelle des valeurs et la conception de la vie. L’exode rural vers la ville a été suivi d’une désappropriation de la culture des citadins par le progrès technique. Les habitants déboussolés ont essayé tant bien que mal de sauver leurs valeurs ancestrales. Inquiet, A. Adam s’est demandé si la culture pourrait survivre identique à elle-même ?.

Certains aspects culturels en Algérie sauveront  ces valeurs même si la plupart d’entre eux vivent une période de léthargie : le théâtre  sommeille, les salles de cinéma se ferment les unes après les autres, la cinémathèque a perdu son aura, mais un art turbulent, robuste et dynamique tient le flambeau pour transmettre la culture et défendre les valeurs humaines, le Chaabi. Cet art musical chante l’amour courtois, l’amitié, la nostalgie du passé, la douleur de l’exil, de la séparation, le respect de l’autre entre autre, la femme par le biais de la mémorisation de poèmes algériens des XVIe et XVIIe siècles. Il touche la société algéroise el glorifie la casbah fief de ses artistes  mélomanes sûrs que les valeurs spécifiques sont sauvegardées.

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HAMMOUD Ghida

La diversité culturelle dans les représentations des valeurs de tolérance et de liberté (comparaison France-Liban)

 

L’interdépendance des rapports humains est un lien qui unit indissociablement les groupes géographiquement éloignés à travers la circulation d’ « idées » ou mêmes des « valeurs ». Une des façons de se construire des singularités dont pourraient se prévaloir certains groupes se distinguant des autres se fait par le biais des représentations. Dès lors que ces dernières deviennent des représentations sociales, elles correspondent à des activités mentales par lesquelles les groupes se rapportent à un objet, et traduisent par le biais de systèmes d’interprétation leur relation symbolique à cet objet. Nous nous attarderons au cours de cette communication sur deux objets de représentation qui relèvent du champ des valeurs : la tolérance et la liberté. Un passage par le miroir de l’altérité est privilégié pour tenter de comprendre la signification attribuée à ces valeurs en fonction de groupes culturellement différents. Nous examinerons plus précisément les représentations sociales de la tolérance et de la liberté chez des étudiants français et libanais.

Les données de la recherche ont été recueillies à l’aide d’un questionnaire contenant des associations libres et hiérarchisées permettant d’identifier le champ représentationnel des valeurs étudiées. Une analyse prototypique a été effectuée pour le traitement des données.

Les résultats mettent en exergue l’existence de différences dans l’appréhension de ces valeurs. Celles-ci s’inscrivent donc dans une diversité culturelle. La représentation sociale de la tolérance se fait à travers l’évocation d’autres valeurs mais également de thèmes relatifs aux spécificités de chaque société. En effet, tolérer ne semble pas signifier la même chose pour des étudiants vivant dans les deux sociétés.

Par ailleurs, le champ représentationnel de la liberté touche à des domaines plurivalents. Elle est principalement associée à des libertés sélectionnées et privilégiées parmi d’autres, à des valeurs et à un cadre politique délimitant le champ de la liberté. Cette valeur suscite l’adhésion des étudiants et fait apparaître des évènements de la mémoire collective. Les représentations de la liberté pour les groupes concernés sont hétérogènes bien qu’elles recouvrent parfois des socles communs. Nous notons pour les deux groupes d’étudiants une mise en avant de la liberté d’expression qui est la première liberté qui leur vient à l’esprit.

En conclusion, les représentations de la tolérance et de la liberté s’inscrivent dans un ancrage culturel propre à chacun des groupes, elles seront identifiées et permettront d’ouvrir la discussion.

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I

ISSENBAEVA Galina

Euristique de  la compréhension  rationnelle  du texe en linguistique -  l’éritage de la pensée culturo-philosophique

 

La connaissance scientifique relève de la culture, mais cette présence suppose une argumentation philosophique. L'approche cognitive dans la science pose des problèmes philosophiques s’agissant des lois de la cognition, de la présence et des particularités des niveaux théoriques et empiriques de n'importe quelle discipline scientifique examinés au titre du système complexe, insérant la variété des types des savoirs et les procédures cognitives les engendrant, aux   sciences du langage.

Parmi de nombreuses approches et  méthodes de l'interprétation du texte, l'heuristique déclarée comme moyen rationaliste de la compréhension prend une place particulière, puisqu'elle est fondée sur l'intégration et  l’action des représentations universelles systémiques, sémiotiques, psychologiques, gnoséologiques, ontologiques, etc. Son contenu essentiel se forme grâce à l'introduction de ces moyens pour étudier principalement la production des images (des connaissances) qui apparaissent pendant le traitement des significations des signes langagiers    tirées de la mémoire à long terme, puis identifiées, catégorisées, objectivées. L'organisation d’une telle activité de la compréhension rationnelle est assurée par les mêmes opérations mentales, que celles  appliquées dans la sphère des représentations mentales concernant la technique et  la production.

L'élaboration et l'application de la théorie du rationalisme dans la sémiotique linguistique sert en premier lieu à la réalisation de l'objectif de la compréhension cognitive du texte d'art : se frayer un passage vers la réalité étant après le texte, "voir" et argumenter l'unité et les différences culturo-intellectuelles des espaces intra – et internationales, adapter l'héritage d'art de la nation à la perception par la conscience du contemporain.

Certains résultats essentiels reçus grâce à l'utilisation de l'heuristique rationnelle linguistique:

- sont créés onze modèles cognitifs cruciaux, formant l'activité de la compréhension de même que dans  l'ingénierie des connaissances, le modelage sémiotique;

- sont créés les  modèles de la langue-objet théorique et de la situation-objet empirique;

-  sont créés les programmes mentaux, les méthodes et les technologies de la formation des structures conceptuelles;

- sont créés les schémas de la structure et du contenu du système des ontologies morphologique et syntaxique de la langue etc.

L'heuristique incorporée du modelage conceptuel apporte le dépôt défini théorique et pratique dans l'épistémologie linguistique, la sémiolinguistique, la culturologie linguistique et dans d’autres disciplines.

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K

KRELIFA-BEDDOUBIA Nassima

 La didactisation des opérations de textualisation propres à la nouvelle

 

Le programme de français langue étrangère s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle réforme du système éducatif dont la question a pris ces dernières années une dimension particulière à valeurs distinctives dans les préoccupations de la société.

Les approches actuelles se distinguent par une participation plus large des partenaires sociaux et la tendance à se libérer des attitudes corporatistes et sectorielles. La réforme du système éducatif en Algérie remet en cause les objectifs et les valeurs mises en pratique dans le cadre de l’enseignement/apprentissage du FLE.

Cela dit, la mutation attendue ainsi que les réformes souhaitées restent dépendantes de l’élaboration d’un projet social partagé.

Dans cette optique, la distinction ainsi que l’élaboration des activités productrices favorables à l’enseignement /apprentissage dans la classe de FLE demeure un point fondamental quant aux résultats attendus. La grammaire permet au même titre que les autres éléments de doter l’élève d’un bagage assez riche en langue française. En outre, elle contribue à développer leurs capacités à produire de textes cohérents à condition qu’elle soit enseignée aux élèves de façon à les motiver et de prendre en considération les obstacles auxquels ils se heurtent au fur et à mesure qu’ils apprennent.

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KRICKA Anna

Les valeurs culturelles de l’échange des objets précieux dans L’Escoufle de Jean Renart

 

L‘objectif de cette étude s‘articule autour du roman L’Escoufle de Jean Renart (J. Renart, L’Escoufle, roman d‘'aventures, Paris, Champion, 1992) et vise l‘analyse des valeurs culturelles de l’échange des objets précieux dans le roman en l‘occurrence.

          Le roman de Jean Renart est un récit idyllique (du XIIIe siècle) sur les amours contrariées de deux jeunes gens de famille noble qui fuient ensemble la maison inhospitalière. Le motif du couple séparé, qui met beaucoup d’effort pour se retrouver, est un point central du roman. Pourtant, dans L’Escoufle, nous sommes témoins des échanges divers qui impliquent la disponibilité à l’égard d’autrui en garantant une vie harmonieuse et équilibrée. Les interactivités représentées dans le roman L‘Escoufle traduisent souvent une conception du monde, ils portent en eux des valeurs morales. La richesse des interactivités, dans ce texte, est impressionnante. L’univers romanesque est ici un univers de l’échange aux visages multiples. Ainsi, la courtoisie fait multiplier les gestes d’affection, mais aussi ceux de prévenance, d’ouverture, de générosité. Les échanges comportent le paradigme du don de soi, de son temps, de son espace, des repas et enfin des biens qui en de la valeur précieuse. Par conséquent, le don et le contre-don établissent une alliance, une symétrie; mais ces remèdes contre les agressions font renvoyer aussi à la société primitive. En fait, l’offrande ou l’échange des présents paraît ancienne et coutumière; la reine Saba en est l’archétype.

Dans le roman L’Escoufle, les échanges des cadeaux sont une manifestation affective d’amour et un acte d’agir; ils adoucissent les coutumes, en introduisant l’ambiance de quiétude.

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L

LAMEIRAS Maria

Des sens qui viennent et qui s’en vont ...

 

Cette étude fait partie d’une recherche  qui a lieu dans un Programme de Doctorat en Linguistique, à l’Université Fédérale de l’Alagoas – UFAL, où j’enseigne en tant que Directrice de thèses développées en Analyse du Discours (AD à partir de maintenant)  . Notre travail porte sur la Circulation du sens : événements du monde et événements discursifs, avec un regard porté sur une AD qui s’ouvre à une approche transdisciplinaire, sans pourtant s’éloigner de ses bases théoriques françaises. Notre référence de base est l’AD telle qu’elle fut théorisée  en France, avec  toutes les implications qu’elle comporte s’agissant des relations entre le sujet, la langue et le langage dans un processus historique. Il s’agit d’une réflexion sur l’espace des médias, et plus particulièrement sur la relation entre les événements du monde et les événements discursifs, depuis ce qui fonde l’information, l’événement, jusqu’à la mise en circulation de cette information par les différentes voies utilisées par la presse (nous travaillons principalement sur un corpus journalistique). L’AD évolue, dans l’incertitude parfois, avec les diverses réflexions qui la traitent, soit d’un point de vue méthodologique, soit d’un point de vue épistémologique.  Il est vrai que l’AD des années 70 - 80 fait aujourd’hui, et depuis un certain temps déjà,  l’objet de débats conceptuels, ses métamorphoses et  transmutations s’imposant dans les analyses contemporaines. Quand on observe  les événements discursifs qui ne coïncident pas toujours avec ce qui les fonde, il nous semble être sur une sorte de chantier du langage, où s’impose le caractère événementiel qui « habille » les faits, les  déstabilise, selon leur nature mi-factuelle et mi-discursive. Les voix qui s’entrecroisent, les interdiscours, les sujets et leurs rapports avec l’histoire, tout cela provoque des querelles épistémologiques entre linguistes, historiens et autres chercheurs penchés sur une AD qui se situe au delà de la linguistique et  de l’histoire.  Elle apparaît alors comme étant  un carrefour des Sciences humaines et sociales, dans lequel la communication est devenue la partie significative essentielle. Il est donc “évident” ( s’il est possible parler d’évidence en AD) qu’il y a toujours une certaine instabilité qui s’installe entre ce qui fonde l’événement et les versions qui l’habillent et le font circuler dans la presse. Le traitement que nous proposons ici de quelques événements, à partir des versions qu’ils « reçoivent », dans ce trajet entre les événements du monde et les événements discursifs, prend en compte une perception inter/transdisciplinaire, tout en envisageant les effets de sens qui circulent dans les médias, en nous référant principalement aux travaux  de Patrick CHARAUDEAU et Jean-Michel ADAM, mais aussi à ceux de quelques autres  théoriciens.

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LE GUENNEC François

Léon-Paul Fargue ou l'Avenir est derrière nous

 

J'ai déjà eu à plusieurs reprises le plaisir d'évoquer ici l'oeuvre de Léon-Paul FARGUE. Beaucoup voient en lui un mélancolique, irrémédiablement passéiste. Je voudrais montrer au contraire que la prose de FARGUE acquiert au fil des années une dimension didactique, et que les valeurs qu'il regrette, et qu'il fait miroiter aux yeux des lecteurs, sont justement celles auxquelles, trois générations après lui, une large part de notre société aspire : domestication des techniques, pouvoir de l'imagination, convivialité, prise en compte de toute la mosaïque sociale, jusqu'au Vivre ensemble qui constitue le titre du dernier recueil de FARGUE.

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LETHIERRY Hugues

La transmission « cynique » : une « dissémination »

 

La transmission des valeurs et d’une culture en philosophie se fait-elle, comme on le pense aujourd’hui, par l’élaboration d’un « palais d’idées » (comme le dit Kierkegaard), c’est-à-dire par la construction d’un système théorique composé de concepts ?

Ou, au contraire, par l’exercice (l’ascèse) et l’imitation d’exemples vivants, de sages qui, par leur façon de s’habiller, de manger, de mourir, de s’accoupler et d’« habiter » (dans tous les sens) leur environnement, prônaient par la pratique l’exercice de la vertu, la non assignation de chacun à sa place. Ainsi en va-t-il de Diogène, philosophe cynique du ve s., toujours accompagné, selon ses biographes (dont Diogène Laërce) de sa besace et de son bâton – voire de sa lanterne – sans parler de la barbe ! Et vivant dans une jarre, se masturbant en public, se nourrissant comme le « chien » qu’il est de ce qui est nécessaire à ses seuls besoins naturels.

Rousseauisme avant la lettre (plutôt qu’onfrayisme) sa pensée se transmettra certes moins longtemps que le stoïcisme, mais néanmoins chez certains chrétiens (adeptes du « détachement ») comme dans Le Neveu de Rameau de Diderot.

Ce choix du cru contre le cuit, contre le « logocentrisme », séduira également des historiens comme Détienne ou Hayot et des chercheurs du Cnrs (Goulet-Cazé) et Foucault lui-même.

Car il fait éclater la vérité dans la vie comme scandale…

Et pour cela, parfois, crache ses mots car, clochard céleste, Diogène n’est pas un chien-chien qu’on cajole : il fait passer sa dignité avant son petit confort… Les boulets rouges de ce franc-tireur donnent le tournis aux chasseurs d’images et aux sages ronronnants…

Et l’on peut parler à ce titre d’une « dissémination » des idées de ce mendiant qui donne à penser, de ce Socrate radical qui met les autres à la question…

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LEUSIERE Viktoria

Valeurs et culture au sein du « dialogue » philosophique entre Friedrich Nietzsche et Léon Chestov

 

Cet exposé se propose d'analyser la philosophie de Léon Chestov (1866-1938) qui, à travers son œuvre, chercha intensément une nouvelle voie pour la culture, dont les valeurs fondatrices seraient les concepts de foi, de révélation, d'illumination créatrice, mais aussi l'aptitude à désespérer, à se tenir en équilibre au bord de l'abîme au nom de la Vérité.

Nous y donnons une analyse de la doctrine des valeurs de Chestov qui chercha à résoudre à sa manière le problème soulevé par Friedrich Nietzsche : concevoir un modèle de culture « par delà bien et mal ». La réévaluation des valeurs, la réinterprétation du contenu des catégories fondamentales de la culture – le bien et le mal - Chestov les a entreprises dans L'idée de bien chez Tolstoï et Nietzsche (1900) et La philosophie de la tragédie. Dostoïevski et Nietzsche (1902). Dans ces œuvres, le philosophe aborde, entre autres, la problématique de l'authenticité de l'existence humaine, de l'interprétation de la vie comme lutte tragique ; il y critique l'idéalisme moral, s'oppose au bien transformé en despote exigeant qu'on se soumette à lui. On découvre dans ces œuvres la proximité des idées de Chestov avec celles de Nietzsche, qui mit au jour dans la culture européenne la crise du christianisme, en passe de devenir la crise de l'Europe elle-même.

Il y apparaît que le « Dieu est mort » de Nietzsche signifiait pour Chestov non seulement la mort de ce Dieu qui forçait les hommes à l'amour et à l'observation de ses commandements moraux, mais aussi l'ouverture d'un chemin vers une culture où serait proclamée l'émancipation à l'égard de la coercition et de la morale. Chestov y montre également comment Nietzsche oppose au caractère normatif et impératif de la morale, la surabondance de la vie, le devenir et le mouvement. Selon Chestov, ce n'est qu'en dépassant les difficultés, les ascensions et les chutes, que l'homme découvre le sens et la valeur de la vie. Il acquiert à travers ce processus tragique la foi qui « déplace des montagnes ». L'analogue de cet homme chestovien se trouve dans le Zarathoustra de Nietzsche auquel la vie commande de devenir une puissance éternellement renouvelée, de devenir celui qui, à partir du surplus de son existence, interprète le monde et y introduit du sens.

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LOPES PINHEIRO Clemilton

Llégende des Nibelungen - origine et transmission: de la réflexion de Saussure à la notion de tradition discursive

 

La chanson des Nibelungen est peut-être la plus célèbre légende germanique. Elle date du XIIIe siècle et fut transmise de générations en générations. C´est l´histoire de Siegfried, fils du roi Xanten, qui tue un terrifiant dragon, se baigne dans son sang, devient invulnérable. Selon Schimidt (2001, p. 9), “elle évoque à tout le moins de lointaines sagas, de sombres aventures dans les pays germaniques, au fond des forêts profondes de l´Est de l´Europe ou aux confins légendaires de contrées du Septentrion”. L’épopée des Nibelungen a suscité l´intérêt du Ferdinand de Saussure, qui l’a étudiée en profondeur entre 1900 et  1910 (ces études sont conservées au Département des manuscrits de la Bibliothèque de Genève). Saussure a analysé les rapports de la légende avec l´histoire ou avec le mythe, et étudié comment elle se transforme, quels sont les éléments fixes et le mouvement des transformations dans le temps. Dans cette communication, nous proposerons de faire interagir les réflexions de Saussure avec la notion de tradition discursive telle qu’elle a été développée à la suite des travaux de Eugenio Coseriu, par des auteurs comme Peter Koch, Wulf Oesterreicher et Johannes Kabatek. Cette notion, issue d'une perspective diachronique et fondée sur l'historicité et la traditionnalité des textes, prend également en compte les relations de répétition et d'imitation entre les textes.

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M

MAGLIE Rosita et MARCON Mario

La didactique du manchot. La famille à l’ère de l’homoparentalité

 

La didactique des langues maternelles et étrangères se veut passeuse non seulement de compétences linguistiques stricto sensu, mais d’un savoir socioculturel (CECR 2001 : 82-83), aussi. La transmission par l’enseignement de paradigmes lexicaux perpétue (et renouvelle) certaines valeurs et certains stéréotypes (Amossy & Herschberg-Pierrot 2011 [1997]). Ce qui refait surface surtout quand on compare les langues et les cultures de différents pays au moyen de la traduction. À l’ère de la normalisation, il y a pourtant des valeurs qui résistent et réclament leur identité à travers le prisme de la diversité et de la pluralité. C’est le cas de la valeur famille qui fonde chaque culture tout comme l’apprentissage linguistique dès la toute première enfance. Les nouvelles configurations familiales, notamment celles homoparentales, remettent en question le modèle de famille qui tourne autour de la représentation sociale (Paveau 2006 : 55-56) mère-père-enfant et invitent à une réflexion qui appelle les enseignants des langues à se mettre en première ligne pour aider les enfants à nommer et à saisir ce qu’il arrive dans leur société. Les classes de langue peuvent en effet devenir des lieux privilégiés pour contribuer à la compréhension du vécu quotidien des familles homoparentales, et ce, pour lutter contre l’homophobie et pour promouvoir l’équité des familles (Fox 1993). À ce propos, nous avons établi un corpus trilingue anglais-français-italien composé de 35 albums pour enfants (2-10 ans) traitant les diverses formes de parentalité. Entre autres, ce corpus est conçu pour la création de matériaux pédagogiques destinés à la formation des futurs instituteurs de langue étrangère, en particulier. Par le recours aux techniques d’analyse de la linguistique de corpus (Sinclair 1991) pour le repérage des patrons lexico-syntaxiques récurrents, nous illustrerons d’abord quelques choix qui dénotent et connotent l’homoparentalité et les manières de la décrire par les signes verbaux dans chaque langue. Par la suite, dans une optique intersémiotique, nous montrerons les patrons visuels les plus fréquents dans notre corpus. Pour conclure, nous présenterons des exercices basés sur une nouvelle forme de didactique des langues par la traduction (González Davies 2004) en nous concentrant sur l’album anglais And Tango Makes Three (sa traduction italienne E con Tango siamo in tre et son adaptation française Tango a deux papas… et pourquoi pas ?) qui raconte l’histoire vraie de deux papas manchots. Ces exercices aideront les futurs instituteurs à déceler les positionnements culturels et idéologiques, d’une part, des auteurs anglais et français et, d’autre part, du traducteur italien, pour qu’ils les maîtrisent à l’occasion de l’enseignement en classe. Malgré les différentes stratégies linguistiques, nous soulignerons que les trois albums (et notre corpus dans son intégralité) enrichissent la valeur famille et sa représentation sociale d’un nouveau référent social par le recours autant à un discours pluraliste qui fait de l’homoparentalité l’une des facettes de cette valeur, qu’à un discours normalisateur qui fédère toutes les familles sous le sentiment de l’amour. Notre didactique du manchot se propose ainsi comme cadre pour acquérir des compétences linguistiques ainsi que pour sensibiliser les futurs instituteurs (et leurs élèves) au dépassement de certains stéréotypes socioculturels.

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MALIN Franck

Cultures populaires. Quoi et comment les transmettre dans le cadre d’un enseignement-apprentissage du Français Langue Étrangère.

 

En Corée du Sud l’enseignement de la langue française a connu une crise durant les années 2000, touchant aussi bien l’enseignement secondaire qu’universitaire. Face à cette situation, nombre de départements de Langue et littérature française sont devenus Départements de Culture française".

Le terme de culture, même s’il est utilisé au singulier dans la dénomination de ces départements est un concept, qui, par nature est pluriel, ne serait-ce que par sa présence dans diverses sciences humaines. Cependant, il ne s’agit pas d’opposer une conception de la Culture où certains domaines seraient considérés comme « nobles » tels la littérature, les arts classiques (peinture, sculpture…) aux autres cultures constitutives d’une société mais souvent dévalorisées par les instances éducatives comme la bande dessinée, la chanson, la presse, la publicité… Pour nous ces divers médias entrent dans ce que pouvons dénommer cultures populaires dans une perspective d’enseignement-apprentissage du français à des non-francophones.

Nous voudrions prendre à titre d’exemple l’évolution du statut de la bande dessinée en France qui pendant longtemps était considérée comme de la non-littérature, de la sous-littérature, des publications pour enfants, pour passer au stade de paralittérature pour enfin être étudiée à l’université en tant que média à part entière, ainsi que dans le secondaire. Ce jugement de valeur négatif sur un aspect culturel pourtant important concernant la France, mais aussi les pays francophones, se retrouve aujourd’hui d’une certaine manière en Asie notamment en Corée du Sud. Ainsi, il est toujours difficile de faire admettre la valeur de ce média et de pouvoir en proposer un enseignement.

Un autre exemple de jugements dépréciatifs, est la chanson non pas française mais en langue française. L’histoire et la richesse de ce média sont encore difficiles à faire accepter. L’évolution est presque similaire et parallèle à celle de la bande dessinée, sauf que la reconnaissance institutionnelle n’est pas encore acquise. Dans les manuels, les chansons sont souvent considérées comme des activités annexes, de détentes, ou complémentaires alors que leur compréhension fait appel à plus de connaissances que les seules données linguistiques. De plus une image stéréotypée s’est forgée sur la chanson en langue française dans certains pays où le terme de chanson renvoie à une période ou un style particulier.

Cette communication voudrait mettre en évidence la difficulté de faire accepter ces deux médias, parmi tant d’autres, comme objet de valeur culturelle propre et source de diverses approches pour en favoriser un apprentissage à part entière pour un public non francophone.

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MERKOULOVA Inna
Les valeurs dans la culture russe, un regard sémiotique

Nous présentons quelques exemples des valeurs dans la culture russe sous une optique du dialogue interculturel et du nouvel humanisme proclamé par l'UNESCO. Dans une culture donnée, la mentalité se présente comme une "conception du monde à longue durée" fondée sur les valeurs humaines générales assimilées par une éthnie concrète (Youri Lotman, L'explosion et la culture, 2004; Vladimir Siniatchkin, Les valeurs générales dans la culture russe, 2011). Pour un étranger, comprendre la mentalité russe à travers les valeurs telles que le devoir, la générosité, la famille, le travail, la patrie signifie se référer aux mêmes valeurs stabilisées dans l'expérience de sa propre culture, en construisant ainsi un espace privilégié de la communication et de "la paix dans l'esprit des hommes".

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MIMO Houssam

Pour un traitement numérique des textes

 

Aujourd’hui, la quasi-totalité des textes crées (saisies, édition, mise en page, vérification, correction ou impression) étant à présent disponibles sur support numérioque, leur traitement et leur archivage appellent de nouvelles méthodes informatiques, plus performantes. L’analyse automatique de textes en langue naturelle présente certaines analogies avec de nombreux traitements informatiques : compression ou cryptage de textes, traitements statistiques, compilateurs…la première étape des traitements consiste toujours à découper le fichier de données (texte) afin d’identifier les unités minimales de traitement(mots).Cette étape préliminaire s’appelle l’analyse lexicale.

L’analyse lexicale peut être vue comme une projection de deux systèmes de données :d’un coté, le texte « brut »est une séquence linéaire non structurée de caractères typographiques ;de l’autre, le système de dictionnaires est un ensemble structuré de données linguistiques .L’analyse lexicale consiste à confronter les deux représentations afin d’en créer une troisième :une conséquence de mots associés à leurs propriétés linguistiques(décrire dans le système de dictionnaires).Le problème de l’analyse lexicale automatique est donc double :Il faut d’un coté disposer de dictionnaires utilisables par ordinateur; d’un autre coté, construire des programmes d’analyse de textes .

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N

NAVARETTE Pierre-Antoine

Emergence et transmission des valeurs esthétiques et axiologiques dans Le Domaine d’Arnheim d’Edgar Allan Poe

 

Dans l’œuvre d’Edgar Allan Poe, Le Domaine d’Arnheim, se pose la question de l’émergence et de la transmission des valeurs, tant sur le plan esthétique que sur le plan axiologique, lesquelles se manifestent précisément à travers le paysage naturel et le « jardin-paysage » artificiel. Chez Edgar Poe, le beau et le vrai appartiennent essentiellement à la nature, les deux étant susceptibles de perfectionnement et d’ennoblissement. Mais le très beau, et le très vrai pour ne pas dire le juste, c’est-à-dire la transcendance ou la valeur intensive du beau et du vrai, peut être atteint seulement dans le « jardin-paysage » artificiel, c’est-à-dire de manière culturelle et artistique. Cet état de perfection n’est possible que dans la mesure où entrent en jeu les activités cognitives et les représentations issues des sens qui percutent l’espace, et fait appel, par conséquent, à la signification des lieux même. Si le concept esthétique rejoint le concept axiologique, dans un jeu d’interaction, c’est-à-dire dans la reconnaissance intime de l’utilité signifiante du beau envers la morale, il faut donc se poser la question de la diffusion et de la réception de ces valeurs chez l’actant-sujet qui se trouve confronté au jardin-paysage du domaine d’Arnheim, ou plus précisément, au mode sémiotique de transmission des valeurs. Il semblerait que ce passage ne soit réalisable que par un déplacement harmonieusement orchestré dans l’espace sémiotisé et organisé, un voyage dirigé au moyen d’une barque sur une rivière, qui amène le corps sensible du sujet à traverser les valeurs incarnées par le jardin-paysage, lesquelles, de fait, l’entourent et le frappent par les sens sans détour. On peut dire alors que chez Edgar Poe, les conditions d’existence des valeurs, les valences, ne sont possibles que par une rencontre dynamique et spatio-temporelle du sujet dans l’espace englobant, fermé, qui empêche la vue de saisir autre chose que le jardin-paysage. Autrement dit, c’est le régime du corps en mouvement du sujet conditionné et percevant qui fonde l’émergence et la transmission des valeurs chargées de signification, lesquelles déterminent alors une culture esthétique et axiologique, une culture également esthésique propre à la vision du monde d’Edgar Poe.

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NAZARETIAN Roman

Le mème Internet comme une nouvelle unité de l’information culturelle

 

.L’article décrit le nouveau phénomène culturel, celui du mème Internet. L’auteur le distingue  parmi les autres unités de l’information culturelle.

Après une étude de plusieurs exemples sur le mème Internet et après une analyse entre le contenu et la structure de ce phénomène, l’auteur arrive à la conclusion qu’un mème s’appuie surtout sur sa structure plutôt que sur son contenu. Les variantes d’un mème créées par de différents utilisateurs d’Internet ne compromettent pas l’intégrité de ce dernier et grâce à sa structure préservée toutes ses variantes peuvent être traitées comme la même unité.

Outre cela, les nouvelles liaisons sémantiques sont révélées dans les mèmes du  type mixte (textographique). Une image  renvoie à un mot précis qui, à son tour, nous renvoie à sa signification et à un objet du monde réel. Dans ce cas-là, il s’agit de ce qu’on appelle le principe du ‘double renvoi’.

Les résultats obtenus peuvent être mis en œuvre dans les recherches ultérieures sur les mèmes Internet dans la linguistique, la sociologie, la culturologie et dans d’autres sciences humaines.

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NTABONA Adrien

La transmission des valeurs et de la parole-patrimoine à travers les célébrations de la vie au Burundi

 

Dans le Burundi traditionnel, il n’existait pas d’école formelle…  La culture se transmettait à travers les célébrations de la vie. Déjà toutes les soirées étaient des célébrations de la vie quotidienne. J’ai fini par appeler cela l’école familiale du soir. Les parents interrogeaient en effet les enfants sur le vécu de leur journée… et consultaient ensuite le stock de la tradition orale pour aider l’enfant à interpréter les faits rapportés. À propos de la Parole Patrimoine précisément, nous avions une vingtaine de genres littéraires… et, chaque soir, ceux-ci étaient exploités selon les exigences … Le tout se concluait ainsi par une bénédiction traditionnelle des enfants avant qu’ils ne se couchent

    En plus de cela, à chaque étape de l’existence, depuis la naissance jusqu’à la mort, il y avait une célébration de la vie correspondante… Là aussi plusieurs genres littéraires étaient contextualisés… Il en allait de même pour les rites et les objets culturels correspondants.

  Tous les métiers étaient également célébrés au moment de l’exécution des travaux exigés. Les chants et la poésie orale, produits à cette occasion, galvanisaient les énergies des travailleurs et leur donnaient du cœur à l’ouvrage. Une certaine mystique du métier et de la corporation s’acquérait par là… Il en allait de même pour les célébrations sociales et politiques qui jalonnaient la vie…

Malheureusement il y a eu, entre temps l’acculturation par substitution de l’ère coloniale. Celle-ci, dans l’Afrique belge, a été musclée au point qu’avant l’indépendance, le vide culturel était perceptible. Or la nature a horreur du vide. C’est pourquoi, après l’indépendance, l’ethnocentrisme totalitaire et la violence identitaire ont comblé ce vide en rendant le Burundi non-viable et invivable jusqu’à maintenant. Désormais pour assurer l’avenir du Pays, il faudra recoudre les tissus mentaux dans le sens d’une reculturation et d’une interculturation conjuguées. Village global oblige… C’est du reste la tâche que je me suis assignée depuis ma retraite en tant que professeur des Universités.

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O

OSTYAKOVA Galina

Les objets culturels de Kazan

 

Notre recherche est basée sur l'étude de certains objets culturels de Kazan . Ils témoignent avec éclat que l'histoire elle-même a donné beaucoup de motifs pour les échanges culturels et d'expériences entre les deux nations dominantes à Kazan , les Tatars et les Russes .

Kazan est un lieu où l' Orient rencontre l'Occident , où l’ Imam et le Patriarche orthodoxe se serrent la main , où les cultures tatars et russes interagissent .

L'interaction des deux cultures donne au monde un exemple lumineux de la tolérance et de coopération qui garantit la stabilité politique et motive les citoyens pour les activités bénéfiques de la vie .

L'objectif de la recherche est :

1 La description de la culture tatar et du fond  national de russe , en accordant une attention à des questions historiques  ;

2 L'aperçu de la culture tatar et russe pour examiner les particularités du contexte ethnique , religieux et culturel ;

3 . La preuve de la coexistence pacifique des deux principales nations qui habitent ma région .

Le véritable trésor du Tatarstan est ses peuples, leurs relations tolérantes et leur coexistence pacifique . Avant de commencer à étudier l'interaction entre les Russes et les Tatars nous développerons  la recherche de particularités historiques , culturelles et sociales de ces pays.

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OUTALEB-PELLÉ Aldjia

FLE : langue-culture dans les manuels scolaires

 

Aujourd’hui, apprendre des langues étrangères s’impose, d’une part, par l’extension des moyens de communication, d’autre part, par le phénomène d’une immigration-émigration variée. Apprendre une langue étrangère signifie communiquer et entrer en contact non seulement avec l’Autre, mais avec d’Autres ouverts à des mentalités et des cultures différentes.. L’école, en tant qu’instance de socialisation de l’enfant, se présente comme un lieu d’apprentissage, d’éducation et de formation par la  rencontre avec les autres individus, a priori de la même culture,  ou avec d’autres de cultures différentes, ne serait-ce que par la médiation de la langue étrangère enseignée.

Dans le cadre de l’enseignement du français langue étrangère (FLE), le défi est d’enseigner les compétences linguistiques mais aussi les compétences culturelles véhiculées par cette langue. En effet, nous ne pouvons qu’admettre les liens qui associent intimement la langue et la culture. L’apprentissage d’une langue comporte donc nécessairement une dimension culturelle.

Notre article s’articule autour de la relation langue-culture. Nous nous demandons : puisque toute langue est un instrument de communication et véhicule une culture spécifique, comment dans l’enseignement-apprentissage d’une langue étrangère, la culture qui en dépend est abordée au sein de l’institution scolaire algérienne ?

Nous débattrons ainsi de la question des représentations culturelles dans les manuels scolaires de français,  en usage en Algérie et nous tenterons de répondre aux trois questions suivantes :

Peut-on enseigner une langue sans sa culture ?

Si la réponse à la première question est négative, quelle place accorder à la dimension culturelle d’une langue étrangère ?

Enfin, est ce que le seul fait d’enseigner une langue se double automatiquement de l’enseignement de  sa culture ?

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P

PEETERS Bert

Langue, culture et valeurs : vers une ethnolinguistique fondée sur l’abduction

 

Parler une langue, quelle qu’elle soit et quelles que soient les circonstances, n’est jamais facile ; la comprendre est sans doute plus difficile encore. La complexité de la quête de sens ou de l’acte interprétatif est cependant souvent sous-estimée, dans la mesure où les écueils qui se dressent sur le chemin de l’interprétant sont pour la plupart évités sans que celui-ci s’en rende compte. Mais ils ne le sont pas toujours. Il se peut effectivement qu’il y ait des malentendus. Certains sont plus graves que d’autres. Ceux-ci font rire, ceux-là peuvent semer la confusion, voire provoquer la consternation.

La situation se complique si l’interaction met en présence des interlocuteurs qui ne partagent pas la même « langue-culture ». Admettons que la langue utilisée lors de l’interaction est la langue première de l’un des interlocuteurs : on aura alors affaire à ce qu’on a appelé « une rencontre inégale ». Ceux qui ont l’expérience d’interactions de ce type savent que, si des malentendus surgissent, ils ne sont pas toujours faciles à gérer. Ils savent aussi que, dans certains cas, l’échec communicatif est total : les écueils dont il était question ci-dessus se révèlent alors insurmontables. Afin d’éviter que cela se produise trop souvent, il sera utile que ceux qui s’engagent dans ce genre d’interactions se familiarisent peu ou prou avec ce qu’on appelle les « valeurs culturelles » de leurs interlocuteurs, ou qu’au moins l’un d’eux fasse un effort allant dans ce sens. Il est en effet plus que probable que, parmi les malentendus qui pourront surgir dans le genre d’interactions envisagées ici, il y en a qui sont occasionnés par des différences culturelles ignorées. Mais comment s’y prendra-t-on ? Comment se familiariser avec quelque chose d’aussi intangible qu’un ensemble de valeurs ? C’est la question à laquelle nous entendons apporter une réponse.

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PEREIRA Wilma Maria

L'imaginaire socio-discursive dans argumentation sur l'homosexualité dans le magazine ultimat

 

Cet article analyse la construction du thème de l’homosexualité dans  les imaginaires socio-discursfs,  à partir de la configuration argumentative des nouvelles et des articles publiés dans le magazine Ultimato, entre les années 2009 et 2013. La recherche est fondée sur les hypothèses théoriques et méthodologiques de l'analyse du discours, en particulier la théorie Sémiolinguístique de l’auteur français Patrick Charaudeau. En outre, nous présentons également un aperçu d’autres théories argumentatives utilisées dans notre recherche: La Nouvelle Rhétorique (techniques argumentatives) et la Théorie Rhétorique du Discours (dimensions : rationalisation, esthétique et politique). Partant de l'hypothèse que les discours produits sont le résultat de la relation entre les plans linguistiques et situationnels dans lesquels un sujet intentionnel est inséré, nous cherchons à révéler les mécanismes d'argumentation et de composition qui sont déclenchés dans la production de ces discours. Ainsi, la recherche se concentre sur les procédures et les techniques de raisonnements utilisés par thème psychosocial dans une situation de communication donnée.  L'accent sera également mis sur la relation de ces arguments avec les dimensions simplifiées, esthétiques et politiques qui leur donnent une configuration plus rationnelle, émotionnelle ou légitime, selon le but de la situation de communication. 

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PIROGOWSKA Ewa

L’image linguistique antisémite et prosémite transmise et (re)construite dans la communication virtuelle

 

Notre communication se propose de présenter quelques constatations tirées de nos études linguistiques sur la parole en action, la parole qui fonctionne dans le monde des médias, quelque nouveaux soient-ils. La parole peut agir réellement, instaurer ou produire des nouveaux états, de nouvelles actions, ce qui est bien visible dans les contextes racistes. Le thème du XXXVe Colloque d’Albi Langages et Signification nous conduit à nous demander quels sont « les rapports entre cultures selon leurs diversités », par conséquent quel est « le rôle joué par les valeurs dans une semblable logique d’homogénéisation ». Le discours antisémite est plus qu’un autre descendant des rencontres civilisationnelles difficiles et, en tant que phénomène culturel mondial, possède certains traits communs, généralisants. Il nous a semblé qu’il était nécessaire d’envisager aussi son contrepoids culturel, à savoir l’attitude prosémite.

Or, l’image linguistique intériorisée relève toujours de différentes expériences, de différents comportements des sujets parlants, de leurs préconstruits (Paveau, 2006; Adam, 2006), de tout ce qui a déterminé les points de vue à partir desquels tel ou tel discours se serait développé. Dans ce cadre nous pouvons parler de la transmission d’une certaine attitude culturelle qui va ensuite définir l’image linguistique du monde, construite et intériorisée par chaque usager de la langue. C’est justement sur cette image linguistique du Juif que nous nous pencherons. Au début du troisième millénaire, presque 70 ans après la deuxième guerre mondiale, loin d’être objectifs, les locuteurs polonais se construisent des images stéréotypées, au haut degré de figement de créations phraséologiques desquelles s’ajoutent des signes linguistiques engendrés par des phénomènes sociologiques récents, également en relation avec des facteurs socio-culturels typiquement français comme la quennelle de Dieudonné, pour voisiner ensuite avec ces  déclencheurs internationaux que sont l’affaire DSK,  les attaques sur la frontière de l’Etat d’Israël et les problèmes posés par l’existence à part entière d’un Etat  de la Palestine. Notre étude voudra démontrer les fondements globaux qui actualisent les discours antisémite et prosémite polonais, sans oublier des éléments paraverbaux qui les accompagnent.

Le corpus lexical à partir duquel s’est développée notre réflexion, est constitué d’apports discursifs apparus dans l’internet français et polonais. Dans le contexte polonais c’est wyborcza.pl,  un site universel, accusé néanmoins d’être financé par la communauté juive internationale.  En tant que portail libéral, c’est l’espace des controverses et des polémiques avec les radicaux de droite, voire de l’extrême droite que nous avons consulté. Des flux discursifs intéressants se trouvent également sur onet.pl ; on en trouve aussi  sur biznes.onet.pl mais ils sont moins nombreux, en fonction du point de vue qui nous intéresse, vu le caractère plus spécialisé de ce site (économie, monde des finances). Nos sources françaises: les sites généralistes tempsreel.nouvelobs.com et lefigaro.fr.

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POPOVA Natalia
La structure du vers français, son évolution et ses valeurs stylistiques. Étude comparative des textes poétiques du XVIIe au XIXe siècle

 

Un aperçu comparé des textes poétiques français de la période allant du XVIIe au  XIXe siècle montre une longue étape de l’évolution de la structure du vers français (l’alexandrin binaire et harmonieux du classicisme) à la perturbation de sa structure (poésies romantiques, impressionnistes et symbolistes), ayant pour conséquence de briser la forme de l’harmonie binaire des textes poétiques.

Cependant le symbolisme poétique, connu pour le déséquilibre de la structure versifiée devenu stable, et la pratique discursive du vers impair, effectue parfois un Retour aux vers pairs classiques. Le poème de Stéphane Mallarmé « Apparition », par exemple, est écrit, du point de vue de la forme versifiée, en alexandrins classiques : rime absolument paire et césure à la sixième syllabe.

Le but de notre communication est de démontrer d’une part, les valeurs stylistiques codées dans la structure versifiée des différents courants poétiques français, d’autre part de suivre les valeurs stylistiques de l’art personnel des grands poètes français qui, en dépit du code sémiotique culturel qu’ils pratiquent, savent tirer de leurs écarts des valeurs éternelles, intransitoires.

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PRZYBYLSKA Nelli

La mémoire et l’avenir de l’individu et de la communauté selon S. Weil et Ch. Delsol

« Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l’existence d’une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d’avenir. S. Weil,  L’Enracinement

 

Simone Weil (L’enracinement, 1949) et Chantal Delsol (L’âge du renoncement, 2011) indiquent la nécessité de l’enracinement naturel, culturel et symbolique. Mais l’enracinement est à surmonter en vue de la formation de l’individu et de la communauté. Weil se propose une ouverture individuelle et authentique à la Transcendance ; Delsol valorise la prise de la responsabilité de l’héritage symbolique qui permet une évolution et une confrontation à une autre culture. En effet selon Delsol (Éloge de la singularité, 2000), les valeurs communes constituent un langage qui soudent la société et promettent son avenir. Quelles sont ces valeurs et quelle société envisagent-elles ?

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R

REZA SHAIRI Hamid
Quand le parcours trans-somatique participe à la réinvention des valeurs

Dans cet essai, nous allons nous concentrer sur le corps considéré comme l'une des théories de la sémiotique du discours. Notre tâche consistera en fait à montrer en quoi le texte littéraire, inventé dans une culture particulière, peut participer l'enrichissement des champs théoriques de la sémiotique qui se veut une discipline universelle. Nous verrons aussi de quelle manière la question du corps peut modifier le plan narratif du discours afin d'en faire un lieu sensible de la trans-somaticité et de la réinvention des valeurs.
Quand le discours littéraire fait du corps un lieu sublime de la transmission de la sensibilité, de la valeur et du savoir, nous sommes devant une loi trans-somatique ; ce qui signifie qu'un tel discours décide souverainement du sens que prend le corps dans son allure existentielle. Dans une telle perspective, le corps apparaît comme ce qui rectifie ou réanime les valeurs d'être. Comment le texte littéraire peut-il nous révéler notre présence au monde à partir de notre corps ? En quoi une narrativité somatique fondée sur la phénoménologie des corps peut-elle réinventer les valeurs d'existence, nous faire comprendre quel sujet nous sommes et quel rapport nous établissons avec l'autre ? Pour répondre à ces questions, nous partons du discours littéraire persan ancré dans une culture orientale et réalisé par un auteur mystique, surnommé Mawlāna. Ce dernier n'est pas un théoricien du corps en sémiotique, mais son récit littéraire permet de réexaminer le fonctionnement culturel du corps à partir de la place qu’il attribue à la trans-somaticité. Ce qui montrera que la réalité du discours littéraire dépend non seulement de l'énonciation en acte et du vécu, mais aussi et surtout d'un parcours trans-axiologique fondé sur le transculturel.

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S

SHABKHEZ Hibah ´& NAZEER Saléha

La transmission de l’héritage culturel et le passage des connaissances et des valeurs entre générations à travers les comptines

 

Cet article analysera la valeur éducationnelle et culturelle de comptines pour les enfants. on reconnaît bien aujourd’hui que chanter des comptines aux enfants ou les leur faire chanter a une portée considérable dans leur développement physique, psychologique, intellectuel et social.  ce genre d’expression poétique et le discours oral, diffusés au sein des interactions quotidiennes font parties de la première formation que l’enfant reçoit dans son milieu socioculturel. les comptines facilitent l’apprentissage des connaissances de base, tels que les phénomènes de temps, le lexique des couleurs, les animaux, etc. l’outil rituel du transfert d’information orale à travers les techniques de mémorisation et de répétition, les comptines enseignent également la notion d’ordre temporel, la formation et le rythme successif du récit ainsi que l’interaction et la collaboration sociale. outre, les savoirs littéraires et sociaux de base se font transmettre insensiblement ou consciemment au moyen de comptines, ainsi que les mœurs et les valeurs qui donnent à une société son caractère définitif. les comptines sont reconnues comme un moyen traditionnel  de la transmission de savoir culturel et la circulation interne des valeurs, des discours, des objets et des pratiques entre les générations successives d’une société. Nous tentons rechercher l’importance de ces aspects de la comptine, en faisant une étude de cas de comptines ourdoues dans le contexte pakistanais. au pakistan, la langue ourdoue jouit d’une situation particulière  –  quoiqu’elle ne soit pas la langue maternelle de la plupart de la population du pays, elle en est la langue nationale, car elle a une signification historique et culturelle tout-à-fait unique. quelle importance attache-t-on aux comptines ourdoues, et quel rôle spécial jouent-elles dans cette société multilingue?  à partir d’un recueil de comptines ourdoues, on va exploiter l’importance des comptines dans la formation socioculturelle et intellectuelle de l’enfant, sur le plan global et dans le cas spécifique choisi comme échantillon, les comptines ourdoues dans la société pakistanaise.

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SIDANE Zahir

Nouvelle lecture de la culture en texte : L’ogresse de la tradition orale berbère à l’épreuve de l’écriture de Nabile Farès

 

La production littéraire contemporaine est peuplée de figures, auxquelles on reconnaît volontiers  une origine folklorique. Cet aspect, longtemps combattu, car considéré comme avili, se positionne dès lors dans une nouvelle dynamique cherchant à mettre en valeur les cultures minoritaires, “ en réponse à un large mouvement de quête ou de confirmation d’identités culturelles de plus en plus menacées de dilution au sein d’un universalisme courant d’uniformisation ” Preuve de ce regain d’intérêt, sa résurgence à l’époque moderne ne la présente pas sous son statut de “folklore populaire ” mais plutôt comme un constituant esthétique de l’imaginaire qui s’octroie une place de choix dans le paysage littéraire contemporain.

Nous nous sommes donc intéressés à la figure de l’ogresse. Notre lecture de cette figure, en tant que fait culturel et folklorique, se réfère à une compréhension interne du conte hérité de la tradition orale berbère, investie, ici, pour suggérer une réalité autre que celle véhiculée par l’imaginaire collectif.

En effet, les écrits de Nabile Farès convoquent, à juste titre, certains traits relatifs aux contes populaires berbères, pour inscrire non seulement, un patrimoine culturel mais aussi et surtout, une réalité algérienne aux prises avec les affres de la tragédie de la guerre, qui est en écho à une “ réalité ogressale ". Et c’est par le motif de la parole mordante que l’on peut lire l’actualisation de cette figure dans le texte : une ogresse “ dévoratrice ”, dans une semblable mesure, de l’espace textuel. Autrement dit, une ogresse qui “ dévore ” le texte, déflagre la parole, voire, la réduit au silence, ouvrant ainsi, un espace figuratif où s’articule un langage opaque et hermétique qui est l’objet même de notre analyse. La question du sens est alors déplacée dans un mouvement opératoire qui participe à un glissement de sens, voire une transition de la signification dans l’économie globale du texte.

Folklore et littérature donc, il s’agira de montrer qu’à travers cette créature folklorique, l’auteur fonde une poétique virant vers l’ineffable, et c’est une écriture du silence qu’il atteint

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SOLOMON TSEHAYE Rachel

L’influence des idéologies sur les positionnements éducatifs à Djibouti

 

La communication se propose d’interroger ce que les positionnements éducatifs révèlent des positionnements culturels en termes d’actions et de réactions.

Servant d’illustration à la démonstration, le contexte éducatif djiboutien révèle une typologie éducative protéiforme (école publique, école privée catholique, école coranique et madrasa). Reposant sur une recherche doctorale, l’analyse présentée veille à mettre en balance les « particularités » d’un modèle idéologique qui s’oppose à un autre, fondé sur une  vision du monde socio-culturelle homogénéisante et des valeurs proclamées « universelles ». Une fois neutralisées les diverses injonctions qui pèsent sur chacune de ces formes éducatives, l’analyse met en lumière les proximités et les distances entre les différents positionnements culturels (par exemple, la cohabitation du dogme religieux dans une république islamique et de la liberté de conscience dans son école publique). La communication commence ainsi par discuter la place des savoirs et des langues dans la construction des idéologies en présence. La part de liberté et d’arbitraire des positionnements officiels de l’Etat permet d’appréhender le processus de leur hiérarchisation.

L’analyse des discours repose sur 72 entretiens semi-directifs tenus avec des parents, des jeunes déscolarisés, des élèves, des enseignants et des directeurs de tous les types d’établissements. Elle procède par déconstruction, selon une approche anthropologique, afin de sonder au mieux les intérêts exprimés et les enjeux spécifiques des acteurs en fonction des positions spécifiques occupées. A l’examen approfondi de la production d’attitudes et de comportements face aux idéologies antagonistes, sont mis au service, la sociologie (Boltanski et Thévenot, 1991), l’ethno-psychanalyse (Devereux, 1987) et la psychologie des contacts de cultures (Bennett 1993).

Cette approche pluridisciplinaire autorise l’analyse de l’action des positionnements culturels antagonistes sur les individus et la nature des réactions que ces controverses suscitent. L’analyse révèle en effet une conjonction complexe des comportements. La typologie établie présente trois lignes de forces : la régression passéiste, la défense progressiste et la recherche du consensus. Ces dernières gravitent entre radicalisation et hybridation, entre repli et ouverture, entre reproduction et invention. Sans toutefois sublimer l’harmonie, l’enjeu est de s'assurer que ces attitudes et ces comportements ne nourrissent ni la concurrence ni les oppositions, face au contexte d’hétérophobie (Memmi, 1982) et d’exacerbation de toutes les formes de différences, anciennes (permanentes et indélébiles) et nouvelles (découlant des évolutions sociétales).

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T

TLILI Hayet

Espaces publics et processus de mutations: migration des marges et nouvelles centralités dans: "Esthétique et Sémiotique des valeurs des discours, des objets et des pratiques"

 

Je propose une approche de la culture et de la transmutation des valeurs à partir de l'action artialisante. L'exemple sur lequel je réfléchis s'inscrit dans l'expérience tunisienne (2011-2012-2013) dans ce qui est désigné par analogie par «les arts de la rue » : des actions à contexte politique à revendications démocratiques et de texture artistique. Des déplacements importants ont redessiné la géographie des relations : migration des marges et proclamation de nouvelles centralités.

Si l'esthétique intellectualiste n'admet pas la possibilité de doter certaines formes d'expressions artistiques d'un développement théorique qui leur corresponde, la Pragmatique offre à l'analyse les moyens de construire les concepts pour des pratiques artistiques localisées dans des lieux qui sont en périphérie de la centralité Occidentale Historisante, et d'en tracer la poïétique. La saisie du travail de trans-formation opéré par le produit de l'art au sein des valeurs « locales » de la culture – dans cette situation particulière- permet d'en tracer le parcours artialisant, dans la pensée et dans la pratique.

Des expériences significatives de nature artistique, menées de manière collaborative par des artistes Tunisiens et des artistes visiteurs, ont été menées mettant en jeu et en question « l'espace public », dont le vécu et la vision de la part du citoyen ont déjà été secoués par les événements du 14 janvier 2011.

Le statut de l'image a connu un profond bouleversement, il sera possible d'en mesurer l'importance dans différentes productions ultérieures, y compris celles de nature publicitaire.

Le statut de l’événement en «espace public » a également été bouleversé par la simultanéité de l'action artistique et l'action politique : les processus inaugurés requièrent, de par leur complexité même, de se doter de moyens appropriés pour en assurer l'analyse et la cohérence des nomenclatures.

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