L'enseignement pour tous les enfants atteints de surdité d’ici 2015?

La majorité des enfants sourds sont exclus de toute sorte d'éducation dans les pays du Sud, là où les revenus sont faibles, et ceci pour des raisons logistiques, culturelles et économiques. Ces enfants doivent affronter le choix pur et simple d'aller dans les écoles de quartier où ils sont suceptibles d'échouer à moins que l'on fasse des efforts pour les insérer, ou alors ils ne bénéficient pas de l'enseignement officiel.

Une toute petite minorité d'enfants sourds suivent leur scolarité dans des écoles et dans des groupes spécialisés tel qu'il l’a été recommendé dans la déclaration de Salamanca. De plus, celle-ci souligne que "l'importance du langage des signes comme moyen d'enseignement chez les sourds devrait être reconnue et qu’il devrait y avoir l'apport de capitaux pour nous garantir que tous les sourds aient accès à l'enseignement dans leur langage national des signes".

L'enseignement dans des écoles résidentielles spécialisées est une option qui est onéreuse – option dont on ne peut se permettre l’accès dans la plupart des pays. Les écoles de résidence amoindrit le rôle de la famille, et les enfants sourds ont tendance à perdre leur propre repère culturel ainsi que leur propre manière de vivre. Ceci comporte des conséquences d'une portée considérable dans leur insertion sociale en tant qu'adultes, particulièrement dans des pays à faibles revenus où les familles fournissent à chacun d'entre eux une sécurité rentable à long terme. Le danger de l'enseignement dans des "groupes spécialisés" à l'intérieur même d'écoles conventionnelles est qu'il peut parfois accroître le phénomène de la ségrégation plutôt que d'encourager l'intégration.

Le "dilemme du sourd"

Le langage des signes ne peut se produire que si des gens atteints de cette infirmité se rencontrent. Mais l'enseignement où la ségrégation est appliquée ne favorise pas l'insertion scolaire. Pourtant, sans moyen efficace de communication tel que le langage des signes, il est extrêmement difficile pour des enfants sourds d'être insérés dans leurs familles et leurs communautés, ou dans l'éducation.

"On ne peut enseigner à des enfants sourds sans adultes atteints de la même infirmité".

Les perspectives d'avenir

Les adultes atteints de surdité sont souvent négligés, de la même manière que le sont les ressources humaines les plus évidentes qui sont disponibles pour l’enseignement des enfants sourds. Le caractère surprofessionnel de “l’enseignement spécialisé” a rendu difficile pour les sourds d’obtenir les diplômes nécessaires afin qu’ils puissent enseigner. La capacité à communiquer couramment dans le langage des signes n’a pas été considérée comme une compétence nécessaire. C’est seulement depuis ces dix dernières années que l’importance d’impliquer des adultes atteints de surdité dans l’enseignement des enfants sourds a été reconnue dans le système scolaire au Royaume-Uni. La volonté d’inclure des adultes sourds dans le programme d’enseignement ds enfants atteints de la même infirmité paraît être plus importante dans certains pays d’Afrique que partout ailleurs.

L’insertion d’adultes sourds dans des écoles pour enfants sourds – Le cas du Congo

Dans la république démocrate du Congo, un professeur principal atteint de surdité a été chargé d’enseigner dans au moins dix écoles pour enfants sourds. Actuellement, il enseigne au Kisangani, et sa femme, atteinte aussi de la même infirmité enseigne dans une école à petit effectif située de l’autre côté de la rivière. 50% des enseignants de la province de Kisangani sont également sourds. La formation des enseignants, c’est leur apprentissage en cours. C’est de cette manière que le chef d’établissement les forme. Ce sont pour la plupart d’anciens élèves qui n’ont pas de compétences reconnues au-delà des examens réussis pendant qu’ils étaient à l’école. Chacun des enseignants utilise le langage des signes de façon permanente, et les nouveaux professeurs doivent apprendre aussi vite que possible. Il y a 130 élèves qui apprennent ce langage en français et en zaïrois et le niveau d’enseignement est très élevé.

A moins que les écoles deviennent accessibles à tout le monde, on continuera encore à refuser à la majorité des enfants sourds leurs droits à l’enseignement et au langage des signes. Les enseignants, les parents, les familles et les écoliers devront alors manifester une plus grande volonté d’apprendre ce langage des signes et une plus grande volonté de reconnaître le rôle inestimable joué par les adultes. Le défi des quinze prochaines années est de travailler ensemble avec des adultes sourds et avec des écoles spécialisées pré-existantes afin de promouvoir le langage des signes au niveau familial et communautaire pour que les enfants sourds peuvent être insérés dans les initiatives de “l’éducation pour tous” dans leurs communautés les plus proches.

En juin 1999, EENET organisa un séminaire à Manchester afin de débattre sur la question de l’insertion scolaire des enfants atteints de surdité. Cet article a été écrit par Susie Miles, et se base sur les discussions qui ont été abordées lors de ce séminaire. Le compte rendu qui s’intitule :”l’insertion scolaire et la surdité” est disponible sur le réseau d’EENET ou sur le web où il y a maintenant une section destinée aux questions qui traitent de la surdité. Nous sommes en train de continuer à recueillir des anecdotes ainsi que des compte rendus qui témoignent des efforts faits ou des efforts à faire dans l’intégration des enfants sourds dans le système scolaire. Votre participation à ces témoignages serait bienvenue.

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