LIMITES


Les limites des correcticiels : types d'erreurs impossibles à résoudre


On se rend vite compte que les faiblesses des aides logicielles à l'écriture tiennent à la manière dont elles fonctionnent. Mais c'est évidemment l'absence de prise en compte de la représentation sémantique des phrases qui pénalise le plus les correcticiels. Compte tenu de ceci, on peut tenter d'établir ci-après les types d'erreurs qui échapperont presque toujours aux logiciels correcteurs.

1) Les erreurs dues à l'homophonie:

En présence de la phrase: "On navait beaucoup du plaisir qu'en même". Le correcticiel va proposer " n'avait" ou "navet", mais aussi "bavait", quand l'humain comprend que la forme erronée est générée par la liaison. De même, l'humain va corriger l'homophonie " qu'en" en " quand", alors que le logiciel passera outre, puisque la chaîne de caractères envisagée existe dans sa base. O n avait beaucoup du plaisir ne sera pas signalé comme erronée, la base de référence ne traitant pas les contiguïtés de type " beaucoup du ... "

2) Les problèmes d'ordre textuel:

" J'ai reçu des fleurs de mes enfants, mais je les ai oubliés sur le siège arrière de ma voiture". Ici, le correcticiel ne pourra identifier l'erreur d'accord du participe, parce qu'il n'a pas la capacité d'identifier le référent du substitut " les" .

3) Les problèmes liés à une ponctuation incorrecte:

Comme les délimiteurs de chaînes de caractères sont en grande partie des signes de ponctuation, toute erreur majeure de ponctuation (oubli du point final, mauvaise répartition des groupes dans la phrase, ...) va générer des suggestions de correction syntaxique aberrantes. Ici encore, l'humain va spontanément utiliser la sémantique pour maîtriser la situation.

F. BERTEN, professeur de français à l'Institut Saint-Joseph, à Saint-Hubert, Membre de la Commission "Français et Informatique " (FESeC)
fernand.berten@ping.be
http://users.skynet.be/ameurant/francinfo


Correcteurs grammaticaux : y-a-t-il de l'espoir?

Il est rare que les ordinateurs se trompent. Sauf... quand il s'agit d'imiter les humains dans ce qu'ils ont de plus complexe: le langage. Selon un test mené récemment par le magazine Protégez-vous, les deux correcteurs grammaticaux québécois, Hugo Plus et Correcteur 101, n'ont même pas dépassé les soixante pour cent, la note de passage de tout étudiant du secondaire! Dans le cadre du test de Protégez-vous, les deux correcteurs devaient réviser un texte de 10 pages où avaient été dissimulées 114 fautes d'orthographe, de syntaxe, de grammaire, de frappe, ainsi que des anglicismes. Hugo Plus version 8, produit par la maison Logidisque, a obtenu un score de 39%. Le Correcteur 101 version 2,0, de la compagnie Machina Sapiens, a obtenu de justesse 60 pour cent.

Le test de Protégez-vous a mis en lumière les limites des correcteurs grammaticaux et pour aller un peu plus loin, Québec Micro a eu l'idée d'interroger les gens du domaine...
" Lorsque de nouvelles versions de ces logiciels sont mises en marché, on les achète, mes collègues et moi-même, pour les mettre à l'essai" , explique Lorne Bouchard, professeur d'informatique à l'UQAM et chercheur spécialisé dans les applications linguistiques de l'informatique.
Selon Lorne Bouchard, la plus grande difficulté de ces logiciels, c'est l'analyse de la phrase. " Comment voulez- vous corriger si vous ne comprenez pas les liens entre les mots?, demande-t-il. D'ailleurs, il arrive que les correcteurs grammaticaux déclarent carrément forfait et disent : " Je ne peux pas analyser cette phrase. "


S'améliorera, s'améliorera pas?

La technologie des correcteurs grammaticaux est-elle vouée à un brillant avenir? " Je crois que l'amélioration se fera surtout dans des domaines bien précis ", estime Lorne Bouchard. On pense alors à des correcteurs spécialisés dans le domaine des affaires ou de l'ingénierie, de façon à ce que l'ordinateur puisse au moins maîtriser un vocabulaire et un style spécialisés. La technologie des correcteurs grammaticaux est encore jeune. Mais les nouvelles versions des correcteurs grammaticaux sont toujours plus fortes que les précédentes.

par Éric Bernatchez
QUÉBEC MICRO! - VOL. 1.1 - du 13 novembre au 10 décembre 1995

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