INTRODUCTION



À propos de la correction grammaticale et des correcteurs informatiques:

Nul ne rédige un texte, qu'il s'agisse d'une note de service, d'un courrier, d'un article de journal ou d'un essai littéraire, sans respecter du mieux possible les règles de la grammaire.
Un correcteur grammatical constitue donc un outil de base pour tout utilisateur de traitement de texte.Chacun, en écrivant, commet inéluctablement des fautes d'inattention, même s'il maîtrise parfaitement toutes les subtilités de la langue, et les correcteurs d'épreuves savent comme certaines de ces erreurs sont difficiles à déceler.
Si l'intérêt des correcteurs grammaticaux est incontesté, certains estiment que cette catégorie de logiciels risque de favoriser l'ignorance en laissant au processeur le soin d'appliquer les règles de grammaire. Pourtant le correcteur, lorsqu'il explique la correction et lorsqu'il fournit une aide détaillée sur la règle appliquée, devient un outil d'apprentissage de la langue et de perfectionnement, pour autant que l'utilisateur se donne la peine de lire les messages et l'aide !
Auteurs de CORDIAL, développeurs et linguistes, nous avons consacré plusieurs années à étudier les fautes courantes (en regroupant ainsi un corpus de plus de 40 000) et à produire le premier correcteur et analyseur global de la langue française. Il nous a paru intéressant, au-delà du logiciel lui-même, de fournir les conclusions auxquelles nous sommes parvenus.

Les correcteurs orthographiques et grammaticaux:

Les correcteurs grammaticaux sont de piètres correcteurs orthographiques, moins performants en tout cas que les vérificateurs intégrés dans les traitements de texte, ceci étant sans doute dû à l'insuffisance de leurs bases lexicales. Les vérificateurs orthographiques français sont relativement satisfaisants, c'est-à-dire qu'ils sont capables de reconnaître un mot qui ne figure pas dans leurs dictionnaires et de proposer un ou plusieurs mots de substitution avec une assez bonne approximation. Ils sont pourtant très perfectibles. En effet :
- Leurs bases lexicales sont insuffisantes. Beaucoup de mots figurant dans un dictionnaire courant comme le Larousse ou le Robert leur sont inconnus.
- Les mots composés et expressions, surtout lorsqu'il n'y a pas réunion par un trait d'union, sont peu ou mal traités.
- En cas de mot inconnu, les propositions de mots sont souvent trop nombreuses, d'autant que le mot est court. Ces propositions sont parfois faites dans l'ordre alphabétique ou même par longueur de mot et, si une analyse relative permet à ces vérificateurs de faire figurer le mot juste parmi les propositions, il figure encore trop souvent en deuxième ou troisième position.
- Le traitement phonétique prime sur les probabilités d'erreur. Notre corpus d'erreurs nous a montré que les reproductions phonétiques de mot sont rares, sauf chez l'enfant. Il serait préférable de mettre l'accent sur les erreurs fréquentes comme les interversions de lettres ou les ajouts et oublis d'espaces.

Ces vérificateurs, malgré leurs insuffisances, rendent toutefois des services et ont été adoptés par la plupart des utilisateurs de traitements de texte. Il n'en va pas de même des vérificateurs grammaticaux. Nos enquêtes auprès des utilisateurs nous laissent à penser que moins d'un tiers des habitués du traitement de texte utilisent le correcteur grammatical intégré ou un correcteur externe. Cette désaffection semble avoir différentes causes :
- Ignorance de l'existence du correcteur grammatical.
- Méfiance instinctive fréquemment associée à la haute idée que l'utilisateur se fait de son orthographe et de l'attention qu'il porte à son texte.
- Lourdeur d'utilisation. Ce reproche s'applique surtout aux correcteurs externes dont l'utilisation à partir d'un traitement de texte est souvent complexe. À cela s'ajoute, pour certains correcteurs, une lenteur d'analyse évidente, vécue comme insupportable par nombre d'utilisateurs.
- Manque d'ergonomie et de convivialité. La plupart des correcteurs disposent d'une aide très réduite, souvent de simples messages de commentaires d'erreurs en termes parfois abscons.
- Insuffisance des bases lexicales. Les critiques que l'on peut faire aux vérificateurs orthographiques s'appliquent plus encore aux correcteurs grammaticaux. L'étroitesse des dictionnaires de noms propres y est encore plus grande et les propositions parfois surréalistes.

Ces critiques portent sur les correcteurs actuellement commercialisés et ne tiennent compte que de leurs caractéristiques. On pourrait ajouter que l'absence d'un paramétrage et le nombre très restreint de fonctions connexes à la correction (tous fournissent un conjugueur mais un logiciel seulement fournit des statistiques, un autre fournissant une analyse grammaticale) constituent également des insuffisances.

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