SEMIOTIQUE
DE L'ECOLE
DE PARIS


Pendant près; de trois décennies, A.J. Greimas et, avec lui, toute une équipe de chercheurs ont élaboré une des plus grandes approches "sémiotiques" contemporaines : celle-ci a pris rapidement un très important développement, aujourd'hui toujours en expansion, au point de rassembler des centaines de chercheurs non seulement en France mais aussi dans le monde entier.

Cette discipline, en gros, traite - dans bien des domaines (culture populaire, littérature, presse, publicité, image, B.D., photographie, cinéma, gestualité, théâtre, architecture, urbanisme, musique, etc.) - des "signes", de la "signification", de la "communication" intersubjective et sociale, etc., bref de tous les langages possibles.

Si la sémiotique - s'appuyant sur F. de Saussure et L. Hjemslev - s'est d'abord intéressée à l'organisation interne de toutes formes de discours (à la suite des travaux d'un V. Propp ou d'un C. Lévi-Strauss), elle a, depuis plusieurs années, accordé chaque jour plus d'importance à l'énonciation, à tout ce qui relève de la pragmatique : elle tente donc aujourd'hui d'associer à une analyse de type plus objectif, déjà ancien (les structures narratives et sémantiques, de l'ordre de l'énoncé) une approche plus récente, de caractère subjectif qui fait appel à ces deux instances, individuelles et/ou sociales (dans le cas de la "praxis énonciative"), que sont l' "énonciateur" (= l'émetteur ou l'auteur) et l'"énonciataire" (= le récepteur ou le lecteur).

Au départ, la "sémiologie" - depuis la définition précise, proposée par F. de Saussure [= "Science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale"] - avait essentiellement en vue l'inventaire et le fonctionnement des signes dans un univers socioculturel donné et historiquement déterminé. Ce qui caractérise aujourd'hui la "sémiotique" (terme qui a pris le relais de celui de "sémiologie) c'est le fait qu'elle cherche non pas à établir une typologie incontestée et universelle des "signes", mais à savoir plutôt ce qui se passe "sous les signes" ou "entre les signes", ce qui est à la base de leurs mutuelles relations d'où jaillit le sens avec toutes les nuances, toutes les menues variations qui l'accompagnent et ce quels que soient les domaines étudiés, les champs d'application.

La sémiotique - consciente de ses limites, de ses possibilités - cherche certes à traiter du sens (comme la plupart des sciences humaines) mais limite son analyse à que ce que l'on a proposé d'appeler la "signification primaire" (celle qui est perçue par le lecteur ou le spectateur "moyen"), laissant à d'autres disciplines tout ce qui a trait aux "significations secondaires" qui relèvent d'approches de caractère beaucoup plus interprétatif.

Ceci dit, le but affiché de la sémiotique est moins l'étude de la communication que celle, beaucoup plus large, de la signification, tant au niveau dénotatif que connotatif, tant au plan de l'énoncé (syntaxe et sémantique) - qui relève de l'analyse objective du message (qu'il soit sonore, visuel, gestuel, etc.) - qu'à celui de l'énonciation (de l'ordre de la pragmatique) qui met en jeu les conditions de production du sens, les rapports avec le contexte, avec les interlocuteurs, avec l'espace et le temps.

Joseph Courtés
Bibliographie
CV